Chronique #152 : Toronto-Malveira
Surplombant l'océan et les sentiers côtiers, notre nouvelle maison (située dans un petit village portugais) nous offre une vie aux antipodes de celle que nous avons menée ces dernières années à Toronto. Les contrastes sont d'ailleurs si forts que je me suis dit qu'il serait amusant d'en faire la liste…
Le déjeuner
Toronto
- "On prend à emporter chez le Japonais ?".
- "On propose à Greg d'aller déjeuner chez Jack Astor's ?".
- "Je me fais un sandwich et je mange devant mon ordi".
- "On va se promener, on trouvera bien quelque chose à grignoter sur la route".
Malveira
- "Penses-tu qu'il existe des plantes anti-insectes qui nous permettraient de manger tranquillement dehors ? ".
- "Tu sais, il y a peu de chance que la mini araignée qui escalade ton verre d'eau soit la réincarnation d'un serial killer..." (et je ne m'adressais pas à Charles… ).
- "Pourquoi le poisson dans mon assiette il a encore sa tête ?".
- "Maman, tu nous racontes une nouvelle histoire d'aventurier ?" (j'écoute en ce moment le podcast Les Baladeurs et Charles est friand de mes retranscriptions accompagnant ses bouchées de dorade).
Le ménage
Toronto
- La poussière étant rare au 56e étage, il nous suffisait de passer l'aspirateur une ou deux fois par semaine pour vivre dans un appartement propre et sain.
Malveira
- Entre le pollen, les continuels aller/retour intérieur/extérieur, le vent qui se lève dès 14h et les feuilles d'eucalyptus s'échouant régulièrement sur la terrasse, passer l'aspirateur une fois par jour dans toute la maison n'est guère du luxe. Sans parler des déjections d'insectes et d'oiseaux s'écrasant sur les baies vitrées, des toiles d'araignées se tissant à une vitesse vertigineuse et de la nouvelle passion de mon garçon de 6 ans pour la transformation de cailloux en pépites d'or (vive la gouache jaune)... Autant de choses qui me font mieux comprendre les propos de Charlotte, qui m'évoquait récemment les 8 heures de ménage hebdomadaire nécessaires lorsque l'on vit dans une maison...
Les activités
Toronto
- Compter les nuages dans le ciel.
- Se demander quelles sont les balades dans la nature accessibles à moins de 40 minutes en voiture.
- Calculer l'heure de retour desdites balades en fonction des embouteillages très fréquents.
- Faire de la luge dans le parc situé à quelques "blocs" de la maison.
- Slalomer en trottinette sur les trottoirs.
- Construire une forteresse de neige pour personnages Lego.
Malveira
- Compter les boutons de moustiques au réveil.
- Choisir l'un des innombrables sentiers de randonnée partant de chez nous pour effectuer notre promenade de l'après-midi.
- Faire du bodysurf sur la plage d'Adraga.
- Composer des bouquets de fleurs de chardon munis de gants de jardinage.
- Vaincre sa peur en passant devant les chiens du village aux aboiements hostiles.
- Essayer de ne pas se faire totalement balayer par les vagues tonitruantes de Guincho.
- Perfectionner sa technique de tunnels pour Playmobils dans le sable humide des plages du coin.
La bande son extérieure
Toronto
- Bruit de fond des voitures régulièrement entrecoupé par les sirènes des camions de pompiers.
Malveira
- Gazouillis des oiseaux en semaine et grondements de motos le week-end.
Les odeurs
Toronto
- Jasmin, frites, livres d'occasion, parfums de synthèse, café, béton encore humide, encens, donuts… En fonction des boutiques et des lieux croisés, les odeurs se suivent sans se ressembler, composant un patchwork olfactif faisant partie intégrante de l'expérience urbaine offerte par la mégalopole canadienne.
Malveira
- Depuis notre arrivée au Portugal, je suis assaillie de senteurs m'évoquant une boutique d'huiles essentielles. Après quelques recherches (et l'utilisation d'une appli permettant d'identifier les végétaux), je sais désormais que l'identité olfactive des abords de chez nous se compose du mix eucalyptus/pin/cistus ladanifer. Or, si les senteurs de ces deux derniers me sont relativement familières, celle du cistus ladanifer est une découverte. Son parfum ambré envahissant nos sentiers de randonnée est pour moi un véritable enchantement sensoriel...
Vivre en hauteur
Toronto
- Habiter dans un appartement situé au 56e étage (180 mètres du sol).
- Voir les nuages arriver de très loin.
- Avoir une vue d'ensemble du trafic routier de downtown.
Malveira
- Habiter dans une maison perchée 170 mètres au dessus du niveau de la mer.
- Voir les nappes nuageuses descendre du sanctuaire de Peninha surplombant le village avant d'aller s'échouer dans l'océan.
- Apprivoiser les différents visages de l'océan.
Les courses alimentaires
Toronto
- Étant alors entourée d'épiceries et de supermarchés ouverts 7 jours sur 7 (et pour certains 24h/24), j'avais pris l'habitude d'effectuer des courses quotidiennement. Il me semblait plus pratique de passer en coup de vent dans le magasin d'alimentation situé au sous sol de notre immeuble, d'attraper un paquet de pâtes chez Eataly en ramenant Charles de l'école ou d'acheter quelques fruits chez un petit primeur lors d'une balade que de prévoir les menus pour une semaine et de faire un plein en conséquence.
Malveira
- Le centre commercial le plus proche étant ici situé à 15 minutes en voiture, hors de question désormais de penser notre alimentation au jour le jour. Je me suis donc mise à planifier les menus et à dresser une liste détaillée de ce que je dois acheter pour tenir environ 5 jours. Et cela ne manque pas d'avantages : repas plus équilibrés, temps gagné, budget alimentaire moins conséquent, système D lorsqu'il manque un aliment…
L'uniforme
Toronto
- Hiver : doudoune, Timberland, slim, bonnet et gants fourrés.
- Eté : Birk', robe courte portefeuille et bijoux fins.
Malveira
- Matin : short, pieds nus, débardeur loose.
- Après-midi : maillot de bain/short/chaussures de marche/tee-shirt/casquette/lunettes de soleil.
- Petite occasion (déjeuner avec des amis, rencontre avec les propriétaires de la maison...) : robe longue très simple, fin collier.
Le vent
Toronto
- De puissantes rafales faisaient régulièrement osciller notre immeuble.
Malveira
- Là où nous sommes, le vent fait pousser les arbres à l'horizontale.
Mais aussi...
- Doigts bicolores (blanc/rouge - syndrome de Raynaud) VS marques de bronzage.
- Impossibilité d'avoir un braque allemand VS possibilité d'avoir un braque allemand.
- Sel "anti-gel" sous les semelles VS sable dans les baskets.
- Donuts VS pastéis de nata.
- Parties de cache-cache rapidement expédiées vs parties de cache-cache interminables.
- Écureuil VS petit lapin.
Par Lise Huret, le 29 mai 2020
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