Chronique #136 : Parenthèse sur la Péninsule-Bruce
"Get lost in the right direction" : inscrite sur la note d'accueil nous attendant à l'entrée de notre chalet canadien, cette phrase évoque parfaitement ce que j'ai ressenti durant notre court séjour, à savoir la sensation d'être totalement perdue, mais au bon endroit. Récit minimaliste de ces quelques jours passés au bord du lac Huron...
Nappe d'aiguilles de pin flottant à la surface de l'eau.Plage de galets minutieusement polis par le temps, l'eau et les frottements incessants.
Source jaillissant de la roche.
Ours noirs présents dans la région.
Feuilles dorées s'échouant sur un lit de neige précoce.
Routes rectilignes fendant les bois.
Traces d'ours. Ah non, traces de chien…
Chute sur les pierres mousseuses.
Doigts frigorifiés.
Eau translucide.
Côte escarpée, rongée par les eaux du lac.
Maison d'architecte de bois et de verre lovée entre la forêt et le clapotis des vaguelettes.
Évocations de nos pires bêtises pour faire oublier les kilomètres à Charles.
Doute sur le look des chaussons tricotés par la propriétaire de notre Airbnb.
Adoption des chaussons par toute la famille.
Première partie de Monopoly avec Charles, découverte de la joie d'être propriétaire, premières angoisses liées aux impôts fonciers.
Joues brûlées par le feu de cheminée.
Gants brûlés par le feu de cheminée.
Réveil dans un chalet glacé.
Transfert de bûches (extérieur/intérieur) par -7 degrés.
Thé au gingembre dégusté derrière la vitre en observant la tempête transformer le lac en mer tourmentée.
Coupure d'eau et de courant (pendant 6h).
Coca-Cola light au petit déjeuner (plus d'eau au robinet).
Dents non lavées, pour le bonheur de l'un et le malheur des autres...
Bougies salvatrices.
Pique-nique en gros pull devant la cheminée.
Fin de la coupure de courant.
Tamia rayé jaillissant littéralement d'un minuscule trou.
Kayak sur le lac.
Délicieuse inconscience de naviguer sans gilet sur des eaux glaciales.
Bonheur viscéral d'être sur l'eau, de sentir les vagues porter l'embarcation et de voir les nuages se diluer dans l'horizon.
Bras douloureux mais utiles.
Coque qui file sur l'eau.
Impression d'être exactement là où je dois être.
Plage piquée d'un petit point lumineux : le chalet.
Rentrer.
Ondes de bien-être.
Cidre aromatisé cannelle/caramel (gustativement traumatisant).
Silence ouaté.
Penser à travailler.
Préférer terminer "La Longue Route" de Bernard Moitessier.
Deuxième partie de Monopoly.
Garniture de fauteuil d'extérieur déchiqueté durant la nuit par un ours si l'on en croit Charles (le coyote semble néanmoins plus probable).
Horaires distendus.
Grilled cheese.
Confidences enfantines sur un bout d'oreiller.
Cidre non aromatisé.
Vent qui coupe la respiration.
50 km sans croiser une seule voiture.
Fish and chips fermé.
Marchand de glaces fermé.
Pizzeria fermée.
Grill fermé.
Supérette … ouverte !
Homme au visage de poupon buriné par les embruns.
Minuscule grand-mère au chignon serré.
Couple de citadins aux looks peu adaptés à la météo cherchant le LCBO du coin.
Bateaux décatis sagement amarrés au port.
Pommiers sauvages.
Immenses granges délabrées en bois gris.
Sifflement chaleureux de la bouilloire.
Coude douloureux (depuis ma chute sur des pierres glissantes).
Câlins "famille" interminables.
Draps sentant le feu de bois.
Tranche de brioche carbonisée.
Flocons de neige aux allures de marshmallows.
Écureuils insomniaques.
Éteindre les braises.
Adieu à la plage blanche et duveteuse.
Pépiements aigus.
Doudou caché derrière les bûches ("Parce qu'il ne veut pas partir, comme moi" dixit Charles).
10 cm de neige sur le pare-brise.
Prière pour que le moteur ne démarre pas.
Départ.
Par Lise Huret, le 12 novembre 2019
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Merci pour le partage de ces moments délicieux et pour ces photos superbes. Je ne connaissais pas ce coin de toute beauté.
Jolie petite escapade familiale qui fera de merveilleux souvenirs.
Bon retour à Toronto à vous 3