Chronique #110 : Shopping virtuel
Environ une à deux fois par an, l'envie de me la jouer "Pretty Woman" me saisit. Le temps de quelques heures, je me fantasme ainsi en héritière fortunée n'ayant aucune limite de budget et part en quête de pièces me plaisant à 100%. Net-a-Porter, Moda Operandi, La Garçonne et autres e-shops haut de gamme deviennent alors mon Rodeo Drive privé. Cette saison, on trouve dans mon panier des imprimés Dries Van Noten, de longues robes faciles à vivre et des pull-overs graphiques...
Jupe droite midi imprimée
Avec ses découpes modernes, ses motifs inspirés de l'art brut et sa coupe droite plus urbaine que les modèles corolles, cette jupe en satin pourrait sans mal propulser mes pièces casual au sein d'une nouvelle dimension. J'adorerais notamment contrarier sa sophistication à coups de Doc Martens et d'ample pull en cachemire…
Pull à motifs géométriques
Depuis notre arrivée au Canada, j'ai plus que jamais envie de pull-overs de caractère, qui sont pour moi un rempart efficace contre "l'abandonnite stylistique chronique" qui sévit ici dès la fin octobre (lorsque le thermomètre se met à flirter avec les 2 degrés Celsius). Or, il me semble que ce modèle graphique à l'ampleur généreuse a tout du "sauveur de look" : à son contact, n'importe quelle tenue à base de slim et de boots devrait être capable d'attirer l'oeil de Tommy Ton...
Manteau en jacquard
À l'instar du pull-over de caractère, la parka audacieuse susceptible d'illuminer la grisaille d'un matin enneigé figure en bonne place au sein de ma wishlist vestimentaire. Autant dire que cette cimaise douillette pour volutes mordorées signée de mon styliste belge préféré a de quoi aiguillonner mon appétit. Avec son éclat artistique et son volume surdimensionné générant une délicieuse illusion d'optique "jambes filiformes", je la soupçonne d'ailleurs d'avoir été conçue spécialement pour venir dérider mes sempiternels total looks noirs hivernaux...
Robe chemise plissée
Parmi les différents modèles de robe, la coupe chemise est sans conteste celle qui me sied le mieux. Oui mais voilà, dénicher un modèle ni trop sévère, ni trop sobre, ni trop BCBG n'est guère chose aisée : on oscille vite entre la blouse d'infirmière et la tenue dominicale "spéciale yacht club". Du coup, lorsque je fis la découverte de cette création Brandon Maxwell, mes radars s'affolèrent littéralement. Oubliant d'être basique, faisant preuve d'une féminité flatteuse, traitant avec élégance un coloris militaire et revisitant certains codes masculins, cette robe m'a donné envie de me laisser pousser les cheveux, de m'offrir de sublimes sandales plates et d'aller braquer une banque...
Slip dress couleur chair
M'évoquant aussi bien mes classes de neige que nos vacances de Noël passées en Lozère, les sous-pulls sont à ranger chez moi dans la catégorie "vêtement doudou à porter sans modération". Autant dire que je n'ai pas tardé à adopter la tendance consistant à glisser un sous-pull sous sa robe. Pour autant, aucune de celles actuellement suspendues dans mon placard ne me semble capable de faire aussi parfaitement corps avec mes sous-pulls fins et ultra moulants que ce rêve de fluidité signé Acne Studio. Sa sensibilité à fleur d'étoffe semble en effet appeler de ses voeux l'adjonction d'un compagnon susceptible de dompter ses élans glamours...
Pantalon flare à carreaux
Infiniment bien coupés, les pantalons Summa ont le bon goût de faire la jambe longue et d'afficher une taille basse flatteuse. Ceux-ci sont ainsi à mes yeux davantage seyants qu'un pantalon de costume 100% masculin et moins soporifiques que les modèles de tailleurs pour femme. Déclinés dans un coton à carreaux lilliputiens, ils ont tout de la pièce forte classique pouvant être arborée de mille et une manières.
Mais aussi…
Cette longue robe, que je porterais en été largement déboutonnée sur la cuisse et en automne avec une veste camel en shearling.
Ce blazer, dont les poches arrondies me font de l'oeil depuis plusieurs mois.
Cette veste, car j'ai beau chercher, je ne parviens toujours pas à mettre la main sur un modèle de veste Adidas vintage ayant à la fois la bonne coupe et la bonne teinte.
Cette jupe, qui me semble avoir le pouvoir de rendre infiniment féminine n'importe quelle femme, sans pour autant éclipser sa force et sa témérité.
Bilan
Après ce genre de "binge shopping virtuel", je me sens toujours un peu étrange, partagée entre la griserie de m'être imaginée un instant au sein de vêtements dont la coupe, les matières et les coloris changent immédiatement le regard que portent les gens sur vous et le léger malaise suscité par la pensée que même si j'en avais les moyens, je ne m'achèterais pas ces pièces.
À vrai dire, si me promener sur Net-a-Porter a pour moi un côté exotique, les vêtements sans histoire excitent de moins en mois ma fibre acheteuse. Je rêve ainsi que ma mère me couse une jupe (il faut que je lui envoie les photos du modèle Martin Grant !), qu'une amie me brode une chemise et que ma tante me tricote un pull-over. Sans parler de mon envie de partir explorer les boutiques vintages de la ville avec une Canadienne d'adoption…
Par Lise Huret, le 07 novembre 2018
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Trêve de mauvaise foi, tous ces modèles me font baver d'envie moi aussi, et hormis le budget, j'ai du mal à trouver des excuses pour ne pas succomber. Merci Lise pour ce quart d'heure de rêve. Je recommencerai, c'est sûr, et je penserai à toi !