0h00 : Le front appuyé contre la vitre, je laisse la valse nocturne des taxis me bercer. Peu à peu, la vie au sein des buildings qui nous entourent s'estompe, le temps s'efface. À quelques mètres de moi, j'entends Charles bouger dans son lit (sa chambre donne sur le salon). Je m'approche et contemple cette forme enfouie sous la couette, les doudous épars sur le sol, les livres encore ouverts près de l'oreiller et me gorge de cette enfance terriblement éphémère.
Les soucis deviennent flous.
0h50 : La pointe HB de mon crayon gris virevolte sur le papier. Sous mes doigts, les petits personnages que j'avais depuis trop longtemps laissés à l'état d'ombre en devenir se matérialisent. Je les habille de toutes ces choses aperçues ici et là : un anorak un peu trop grand sur un bambin de deux ans, une peluche disproportionnée par rapport à la taille de son mini propriétaire, un biberon dépassant d'un micro sac à dos…
Les impératifs disparaissent.
1h30 : Assise devant mon ordinateur posé sur la table à manger, baignant dans la lumière chaleureuse diffusée par ces fameuses ampoules à LED que l'on voit actuellement dans tous les restos branchés et la tête perdue dans les tubes des années 80 ("Can't Take My Eyes Off Of You"...), je laisse les souvenirs que réveillent ces mélodies voleter autour de moi. J'en saisi un, l'examine avec attention (j'ai le temps...), puis un autre. Ces notes rétro jouent au juke-box avec ma mémoire. Me voici ainsi à 17 ans en train de danser un rock avec un vieil oncle encore fringant, à 13 ans complotant avec ma petite soeur derrière une estrade lors du mariage d'une obscure connaissance parentale, à 16 ans échangeant un baiser interdit avec un serveur n'ayant que faire de ma non-majorité ou encore à 15 ans clouée sur mon lit par la nicotine de ma première cigarette...
2h : Une sorte d'euphorie tranquille fait battre mon coeur un peu plus vite. Les pensées joyeuses succèdent aux accès de mélancolie. La vapeur sucrée s'échappant de mon infusion aux fruits rouges me caresse le cerveau. Je dresse quelques listes (Activités week-end, Recettes "kids friendly", Envies à satisfaire…) en me promenant sur Pinterest et Instagram. Je lis les critiques littéraires des derniers bouquins à la mode et complète ainsi mon "Top dix" des livres à lire absolument.
2h30 : Je sors du four les cookies que j'ai mis à cuire 20 minutes plus tôt. Ils constitueront un parfait "afternoon snack" pour mon petit écolier n'acceptant toujours pas de croquer dans le moindre fruit.
3h00 : De légers fourmillements dans les tempes m'annoncent que la récréation est finie et qu'il est désormais temps d'aller me glisser dans les draps. Je file sous une douche bien froide, destinée à abaisser la température de mon corps et donc à faciliter mon endormissement.
3h15 : Je pose ma tête contre l'épaule de Julien. Mes paupières sont lourdes, mon esprit léger...
Épilogue
Si les matins suivant ce genre de nuits ne sont pas des plus faciles, ma "routine post-nuit courtes" me réussit cependant plutôt bien : je sors prendre l'air frais, effectue quelques mouvements de yoga, puis déguste un petit déjeuner - sans café - riche en vitamines et en protéines. Et si le besoin s'en fait sentir, je fais une sieste de 30 minutes en début d'après-midi.
Tout cela pour dire qu'il est possible de retirer du positif de situations a priori négatives et qu'il ne faut pas hésiter à expérimenter les choses de manière absolue. Dans la vie, il n'y a pas de règles à suivre, que des chemins à inventer...
Par Lise Huret, le 18 octobre 2017
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