Chronique #70 : Toronto dress code
Si à Toronto l'uniforme est de mise aussi bien pour les employés d'UPS que pour les infirmières, les collégiennes et les employés municipaux, le look du reste de la population s'avère beaucoup plus compliqué à analyser, tant chacun ici semble faire ce qu'il veut en matière de mode...
En se promenant dans les rues de Toronto, on constate que le style années 90 n'a pas attendu d'être tendance pour séduire la population : le jean "mom" a la cote, le tee-shirt ample et rectangulaire est fréquemment arboré par les femmes de plus de 50 ans, les working girls sortant du travail n'hésitent pas à chausser des runnings éculées et à porter un sac à dos de collégienne, tandis que les hommes sont nombreux à enfiler un gilet polaire sur leur chemise ou à se visser une casquette sur le crâne...De leur côté, les étudiantes semblent nombreuses à se fournir chez GAP, tant le combo casual/légèrement preppy composé d'un slim, d'un hoody, d'une chemise et d'une paire de tennis se voit plébiscité par les filles. Cela dit, en dehors du campus, les looks varient beaucoup plus. Entre jean déchiré accompagné d'un body rouge et d'une paire de Doc Martens, robe fleurie associée à une paire de boots noires, duo petite robe droite/ballerines, jupe de patineuse mariée à une paire de souliers à talons, baggy resserré sur le bas via une paire de guêtres ou encore trench réchauffant le duo pantalon droit/chemisier, chacune cultive son propre style, à des années-lumière des tendances lancées sur les podiums. Et si à Vancouver le cheveu ultra lissé était de mise au sein de cette classe d'âge, force est de constater que sur la côte Est le lisseur ne fait pas partie des produits de première nécessité.
De manière générale, les femmes semblent particulièrement apprécier les ballerines et les chaussures confortables (ce qui n'est pas étonnant au vu de la superficie de la ville). On note également que la veste de tailleur pas ultra bien coupé, le pantalon à pinces tire-bouchonnant sur la cheville ainsi que le tailleur jupe pastel ont eux aussi la cote.
Du côté de la gent masculine, on s'autorise à peu près tout. Et si les mix and match improbables sont légions, ils n'en sont pas moins attendrissants (voir ici, ici et là). On n'échappe par ailleurs pas à quelques stéréotypes, tel que la jeune femme au brushing parfait, au sourire ultra bright et à la robe Banana Republic éclatante, le post ado afro-canadien en short oversize et tee-shirt immense, le fan de football américain se promenant avec le maillot de son équipe favorite, la sporty girl qui ne semble pas quitter son yoga pant de la journée, sans oublier la maman BCBG à la blondeur exquise en chino, casquette bleu marine et chemise blanche et l'irréductible accro au vintage (qui se double souvent d'une fan de la culture goth)...
Autrement dit, le paysage stylistique urbain a ici tout du kaléidoscope culturel, social et esthétique. Et si les silhouettes croisées m'intriguent, me renvoient à ma propre conception du style et m'interrogent sur ce que le terme "mode" veut réellement dire, rares sont celles qui parviennent à me séduire. Cela étant dit, je n'en suis encore qu'au début de mon exploration. Je suis certaine que l'été et les mutations vestimentaires qu'il ne manquera pas d'entraîner me permettront de compléter ma galerie de portraits et d'élargir ainsi ma vision du "style torontois "...
Par Lise Huret, le 20 mai 2016
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