Dans la cour du collège, je me souviens que les "looks" étaient assez hétéroclites, que les talons étaient proscrits et que mes amies qui avaient la chance d'avoir une mère sachant tricoter n'hésitaient pas à arborer fièrement leur pull-over "fait main". On avait chacune notre "non-style" et cela ne nous gênait pas vraiment. À vrai dire, nous ne parlions que très rarement "fringues" à la récré...
20 ans plus tard, les collégiennes que je regarde traverser la rue ont étrangement le même look que les étudiantes de la fac d'à côté. Et si elles sont bien mieux habillées que moi à l'époque, elles se ressemblent néanmoins beaucoup entre elles. Il faut dire que ces deux dernières décennies ont bouleversé notre façon de consommer le vêtement. La fast fashion est apparue, démocratisant l'achat "trendy" via des prix accessibles et des pièces directement inspirées des podiums. Une mode de femme plus que de pré-adolescente qui, à force de muter constamment, a fini par faire du shopping une activité incontournable pour toutes celles ne voulant pas apparaître "dépassées".
Avec le recul, j'ai l'impression d'avoir vécu une adolescence privilégiée, car préservée de cette pression que je sens sous-jacente chez les ados d'aujourd'hui. Hier, c'était le vêtement qui avait de l'importance : on chérissait tel pull rouge, tel sweat estampillé du logo d'une marque en vogue, telle veste en jean héritée d'une grande soeur qui était pour nous au sommet de la coolitude. Aujourd'hui, c'est la tendance qui prévaut sur le vêtement : l'important est d'avoir la bonne silhouette, le bon uniforme au bon moment et d'en changer à chaque fois qu'H&M refait ses vitrines.
Face à ce constat, je me demande si la situation sera la même dans 20 ans ou si tout sera une nouvelle fois bouleversé. À en croire certains signaux (tels que la nouvelle dimension "hype" de la couture, la dénonciation des travers de la fast fashion, l'éclosion du concept de "bibliothèque de vêtements" ou encore le boom du "made in France"), il se pourrait bien en effet que la façon de consommer/percevoir la mode des ados de demain n'ait rapidement plus grand-chose à voir avec celle d'aujourd'hui.
En attendant, c'est avec beaucoup de tendresse que je regarde sortir du collège ces jeunes filles à l'air faussement détaché en Stan Smith et perfecto. Car si je ne sais pas si c'était "mieux avant", nul doute que c'était moins compliqué…
Par Lise Huret, le 27 mars 2015
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Et le fameux "mieux avant", je te rejoins...c'est une thématique à part entière. Je ne peux m'empêcher de faire le transfert avec mes enfants qui sont encore "petites" mais plus pour longtemps...
Bon WE