Je m'avance ensuite pour assister à la mise en forme de mon bouquet, lorsqu'un élégant septuagénaire en feutre et pardessus entre dans la boutique, jette un coup d'oeil puis me rejoint afin d'admirer le fleuriste à l'oeuvre. Une fois le bouquet terminé, l'homme au chapeau nous dit : "90% du temps les bouquets de fleuristes sont convenus, bourgeois, sans surprise. On s'en lasse en quelques secondes. Ici, il existe une sorte de magie qui rend les bouquets naturellement vivants, vifs et gais. Le vôtre madame en est d'ailleurs un bel exemple".
Sur le chemin du retour, en repensant à ses propos, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle entre l'élaboration d'un bouquet et la composition d'un look...
Il est vrai que l'association de vêtements relevant d'un même champ lexical se traduit bien souvent par l'obtention d'une tenue certes irréprochable, mais manquant généralement d'âme et de panache. Pour réussir à susciter une émotion, à nourrir un style, à donner naissance à une silhouette intéressante, il me semble ainsi nécessaire de puiser les composantes de son look au sein de différents registres.
Cela peut se traduire concrètement par le fait de mixer des pièces patinées par les années à d'autres fleurant bon l'air du temps, associer un top très féminin à un pantalon brut, remplacer la chemise blanche de son tailleur par une chemise en jean, substituer l'étole réchauffant une toilette de cérémonie par une veste en jean jetée sur les épaules ou encore troquer les talons allant d'ordinaire de pair avec telle ou telle petite robe estivale contre une paire de boots. Mais aussi par fuir les total looks, les ensembles, les tenues coordonnées ou respectant un dress code à la lettre.
Autrement dit, arrêtons de nous réfugier derrière des "uniformes" certes stylistiquement corrects, mais manquant néanmoins cruellement de caractère. Et osons flirter avec les télescopages stylistiques générateurs d'allure à la Maja Wyh et autres Leandra Medine...
Par Lise Huret, le 30 mai 2014
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