Noël 2019 : ma "anti-wishlist"
À l'heure où il est de bon ton de dresser la liste de ce qui nous ferait plaisir pour Noël, j'ai préféré pour ma part répertorier tout ce qui ne s'y trouvera pas…
La "Sex tape" de Christopher Kane
Alors que j'emballe un énième cadeau d'anniversaire pour un énième copain de Charles, je maudis cette coutume locale consistant à inviter l'ensemble de la classe à chaque anniversaire. Il faut dire que si celle-ci part d'un bon sentiment, elle n'en génère pas moins moult effets collatéraux crispants, entre la nécessité d'un budget relativement conséquent, l'occupation d'une bonne partie de nos samedis après-midi et les heures de conversations merveilleusement futiles avec les géniteurs des enfants présents (les parents ne pouvant s'éclipser de ces festivités pourtant parfaitement orchestrées).
Autant de désagréments qui, au moment où je recouvre de papier moucheté une boîte de legos Star Wars, me sembleraient bien plus supportables si je pouvais les saupoudrer d'une pointe d'humour (à défaut d'une lampée de whisky). Pliure après pliure, mon cerveau se met alors à s'emballer. Entre faire une entrée triomphale au milieu des cupcakes licorne en bikini et moon boots, lovée d'un sweater "I Hate Kids" ou parée d'une casquette "Make America Great Again", il ne sait que choisir...
Soudain, c'est l'illumination. Oubliés le string à paillettes, le pull confession et le "coming-out" politique, j'ai trouvé mieux : la dernière facétie imaginée par Christopher Kane (un rouleau de scotch sur lequel est imprimé le mot "Sex", l'idée étant ici de s'amuser du double sens du mot "sextape"), que je pourrai utiliser lors de l'emballage des prochains cadeaux d'anniversaire. À moi ainsi le plaisir coupable d'emballer des poupées Mattel avec de l'adhésif transgressif, l'excitation potache à l'idée de déposer mon paquet "shocking" parmi les autres parfaitement enrubannés et les fous rires en imaginant le visage perplexe des mères…
Je laisse alors sur la table mon paquet désormais emballé, clique sur l'e-shop de Christopher Kane et place dans mon panier le scotch en question. Soudain, Julien surgit derrière mon épaule : "Tu es sérieuse ?". Je lui expose sereinement le raisonnement développé précédemment. Il me regarde perplexe :
"Tu tiens vraiment à ruiner la vie sociale de notre enfant ?"
"Oh arrête, c'est drôle !"
"Pas au Canada..."
"Bon d'accord, pas de sex tape…"
Un col roulé amovible COS
Furtivement caressés lors de mes passages en boutique et contemplés maintes fois sur l'e-shop de la marque (voir ici et là), les cols roulés amovibles de chez COS m'intriguent, voire m'attirent.
Il faut dire qu'entre douceur indéniable, dimension sobrement conceptuelle et promesse de transfigurer un look en une fraction de seconde, ceux-ci possèdent à mes yeux des qualités hautement appréciables.
Lundi 2 décembre, 15h. Bien décidée à acquérir un exemplaire de ces pull-overs réduits au minimum, je franchis le seuil de la boutique COS de mon quartier. Une fois munie de l'objet de mes convoitises, je me dirige vers une cabine d'essayage et enfile - après avoir retiré doudoune, écharpe, bonnet et double paire de gants - cette parcelle de cachemire tubulaire sur mon sweat rose javellisé.
Le résultat se révèle quelque peu déroutant : la personne aux cheveux électrisés et au cou gainé dans une minerve aux allures de bavoir chic que j'observe dans le miroir est loin de ressembler à la déesse du minimalisme suédois que j'espérais y croiser. Je me rassure alors en me disant qu'il me suffira d'enfiler mon manteau pour déclencher l'effet "waouh"... mais non. Les cheveux toujours dressés vers le ciel, la fille dans le miroir vient juste d'enfiler un banal pull col roulé sous sa doudoune.
Je retire alors prestement l'ex-objet de mes fantasmes et m'interroge : mais comment sommes-nous sensés porter cette chose ?
Porté seul sur un top, l'objet frôle le ridicule. Et arboré en guise de snood, il implique automatiquement un décoiffage en règle. Bref, à moins d'être chauve ou d'aimer les associations ultra conceptuelles, je ne vois pas très bien comment utiliser sereinement cet accessoire faussement pragmatique...
Un catamaran Lagoon 50
"Si j'étais vous, je vivrais ici, je ferais cela…". Notre mode de vie et notre relative liberté de mouvement ont le don d'exciter l'imagination des personnes que nous rencontrons. En fin de soirée, il n'est ainsi pas rare que les uns et les autres se mettent à égrener les différents pays où ils se verraient vivre s'ils avaient comme nous un travail pouvant s'exercer de n'importe où. Et si j'ai depuis longtemps appris à laisser glisser les fantasmes des autres sur notre réalité, les propos d'un ami n'en ont pas moins récemment capté mon attention : "Moi si j'étais vous, je vivrais sur ce bateau. Sur son smartphone apparaît alors un catamaran dernière génération aussi ergonomique que confortable. Je longerais les côtes, mouillerais où bon me semble, expérimenterais l'entraide unique qui existe entre les navigateurs…
Je le laisse parler. Je suis déjà ailleurs, sur les flots, le corps bronzé, les cheveux emmêlés par le vent, en train de ramasser les poissons volants venant de s'échouer sur le pont.
En m'endormant, je lance faussement détachée à Julien : "C'est n'importe quoi cette histoire de bateau…".
"Je ne trouve pas, au contraire cela fait sens.".
Je me redresse : "Sérieux ?".
"Oui, nous pourrions vivre où bon nous semble, être réellement libres, nous recentrer sur l'essentiel.".
Je ne me sens absolument plus fatiguée. "Ok, on ne va plus au Portugal. On achète ce bateau avec toutes nos économies et on tente l'aventure.".
"Dors, on en reparle demain...".
Moi qui n'ai aucune patience, je n'ai évidemment pas fermé l'oeil de la nuit, que j'ai passé à étudier le sujet : type de bateaux, récits de navigateurs, école par correspondance…
Le matin venu, j'inonde Julien d'informations. Pour une fois, la folie du projet ne l'effraie pas. Il ne cherche même pas à canaliser mon enthousiasme, tant il le partage. Seule ombre au tableau : il nous faut apprendre à naviguer. Car si nous nous défendons en planche à voile, nous n'avons jamais dirigé un bateau…
Après une semaine passée à étudier les différentes options de financement d'un catamaran et à envisager de prendre des cours de voile sur le lac Ontario en plein moins de novembre, la raison frappe à notre porte sous les traits du mari d'une amie sexagénaire. Navigateur chevronné, il sillonne les mers depuis plus de 40 ans et a du mal à garder son sérieux lorsque nous lui exposons notre embryon de projet. À ses yeux, il faut au moins 5 ans d'expérience pour pouvoir commencer à naviguer en haute mer, 10 ans pour s'y sentir en relative sécurité et toute une vie pour apprivoiser l'océan. Autant dire que l'idée d'aller vivre sur un bateau avec pour tout bagage quelques leçons de voile sous le bras lui semble pour le moins précipité.
La mort dans l'âme, je raye donc le Lagoon 50 de ma wish-list de noël 2019... mais pas de celle de 2029 !
Un accessoire Bottega Veneta
Oubliez Gucci et Vetements : si vous souhaitez investir cette saison dans un accessoire qui vous permettra d'afficher votre statut social ainsi que vos connaissances en matière d'hégémonie fashion, c'est chez Bottega Veneta qu'il vous faudra vous diriger. Il est vrai que depuis que Daniel Lee (ex de chez Céline) a pris les rênes de la griffe italienne, le jeune homme - qui vient de remporter pas moins de 3 British Fashion Awards - focalise l'attention de la fashion sphère. Entre les sandales à semelles carrées, les sacs matelassés, les boots pour astronaute SM et les colliers à chaînons massifs, les produits Bottega Veneta sont en effet de toutes les pages mode, de toutes les parutions Instagram (voir ici, ici, ici, ici et là).
Un état de fait qui affole les RP de la griffe, qui attise la convoitise des modeuses et qui... me laisse de glace.
L'omniprésence visuelle d'un accessoire trendy a en effet tendance à me le rendre rapidement indigeste, ses potentielles qualités esthétiques disparaissant sous l'agacement généré par le lavage de cerveau orchestré par celles et ceux en charge de sa promotion. Rares sont ainsi les pièces imaginées par Daniel Lee ayant suscité chez moi ne serait-ce qu'une once de désir...
Mais aussi…
Une mini cafetière portative. Si celle-ci s'avère bien plus écolo friendly que les gobelets Starbucks, elle n'a malheureusement pas la fonction "Latte". Elle restera donc bien au chaud chez MEC...
Un braque allemand. En dépit du chantage quotidien exercé par Charles sur ses parents pour adopter un chien (pas de chien pas de bisou, pas de chien pas de lavage de dents, pas de chien pas de slip...), nous tenons bon : hors de question pour nous de vivre avec un canidé dans un appartement. Mais qu'en sera-t-il une fois au Portugal, lorsque nous serons - comme nous l'espérons - dotés d'un jardin ?
Une pièce en provenance directe des nineties chinée chez Depop. Aussi tendance soit-elle, impossible pour moi d'embrasser l'esthétique de la créatrice Marine Serre...
Par Lise Huret, le 06 décembre 2019
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