Noël 2020 : mon "anti-wishlist"
À l'heure où il est de bon ton de dresser la liste de ce qui nous ferait plaisir pour Noël, j'ai préféré pour ma part répertorier tout ce qui ne s'y trouvera pas…
Les bottines de pluie Bottega Veneta
La perspective d'un tsunami balayant la côte portugaise a beau être hautement probable, ce n'est pas aujourd'hui que Daniel Lee me convaincra d'investir dans une paire de bottines waterproof évoquant la fusion entre un Malabar à la fraise, une paire de Crocs et un Barbapapa.
Il faut dire qu'en s'attaquant à l'un des tabous du milieu (à savoir l'esthétique "Crocs"), cet illusionniste de génie capable de transformer les éléments les plus improbables en must have dépasse les frontières de l'esthétiquement acceptable. Car si les Uggs, les tongs ou encore les claquettes de piscine sont parvenues avec le temps à s'immiscer aussi bien au sein des garde-robes les plus en vue que dans le quotidien des modeuses, le style "Crocs" continue quant à lui de faire figure de Rubicon à ne pas franchir.
Je resterai donc confortablement sur la rive chaussée de bottes de pluie kaki, ne me sentant encore pas prête - malgré le fait que les circonstances actuelles m'ont fait revoir bon nombre de mes convictions - à chausser une paire de boots imperméables colorées pour personnage de cartoon. Et ce même si celles-ci sont le fruit de l'imagination prolixe de l'actuel chouchou de la fashion sphère...
Un chien
Après des mois de supplications, de chantage affectif et de démonstrations quasi mathématiques, Charles avait fini par nous convaincre d'adopter un chien. Nous étions ainsi prêts à faire fi de nos nombreuses réticences afin de permettre à l'indéniable connexion de notre fils avec la gent canine de s'épanouir. Nous attendions simplement la fin de l'épidémie de covid-19 pour aller nous promener sereinement dans les refuges afin de trouver le chien susceptible de nous correspondre (et vice versa).
Et puis récemment, une amie nous demanda de garder son Jack Russel pendant 5 jours. Nous nous sommes empressés d'accepter, heureux de pouvoir "tester" ce nouveau mode de vie. Plutôt âgé, parfaitement éduqué, ce mâle au regard craquant arriva chez nous vendredi dernier. Une routine se mit naturellement en place : promenades régulières, jeux dans le jardin, caresses à répétition… Charles était heureux (mais pas autant que je le croyais) et nous étions sous le charme de cette affectueuse boule de poils.
Mais dès le deuxième jour, l'euphorie se dissipa, laissant la place à des sentiments ambivalents. Car si j'appréciais de voir ce petit chien me tenir compagnie lorsque je travaillais, l'odeur qui régnait dans la maison me dérangeait, tandis que les poils qui recouvraient le tee-shirt de Charles après que celui-ci eut joué avec lui me dégoûtaient. Et si j'aimais beaucoup aller me promener très tôt avec lui dans le village endormi, nos balades avec Julien et Charles se voyaient parasitées par les arrêts pipi incessants et les rencontres hargneuses avec les autres chiens. Sans parler de la nuit où, pour une raison qui nous échappe encore, notre pensionnaire vida sa vessie sur notre canapé, ruinant définitivement ce dernier.
Bref, entre le besoin de passer sans cesse l'aspirateur, le stress de laisser le chien à la maison sachant qu'il pleurera jusqu'à notre retour, la crainte de ne pas lui donner suffisamment d'affection, ma grande sensibilité olfactive et notre besoin de liberté, j'en ai conclu que nous n'aurons probablement pas de chien.
Et curieusement, Charles n'a pas protesté lorsque nous lui avons annoncé la nouvelle…
Une cagoule en mohair Gucci
Moi qui n'ai toujours pas accepté la dépigmentation inexorable de ma fibre capillaire, la simple vision de cette cagoule aux poils hirsutes immaculés fit frissonner d'angoisse mon épine dorsale. À mi-chemin entre une perruque oubliée dans le coin d'un théâtre (et servant désormais de nid à d'innombrables bestioles microscopiques) et un postiche bas de gamme pour chauve dépressif, cet accessoire me donne envie de me teindre les cheveux à vie et d'envoyer un recommandé à Alessandro Michele l'incitant à injecter un peu plus de subtilité à ses créations.
C'était en tout cas l'état d'esprit dans lequel je me trouvais avant que Charles ne jette un oeil sur mon écran et me lance : "Oh, un déguisement d'Abominable !". Sur le coup, je me dis que le mot était bien trouvé pour illustrer cette cagoule. Et puis je compris à quoi mon fils faisait référence : au dessin animé mettant un scène un attachant yeti blanc.
Désormais auréolée du souvenir enamouré de l'adorable Everest, cette cagoule m'apparut soudain bien moins repoussante.
Et si je ne me l'offrirai pas, sa découverte m'a néanmoins permis d'avancer dans ma perception des cheveux blancs (en les envisageant moins comme un coup d'arrêt que comme une toison lumineuse n'empêchant aucune aventure), ce qui n'est pas rien et justifierai peut-être l'envoi d'un savon Claus Porto à Alessandro en guise de remerciement…
Un billet d'avion pour nulle part
Décoller et atterrir au même endroit pour le simple plaisir de monter dans un avion, de voler quelques heures et d'oublier l'interdiction de voyager à l'étranger : voilà ce que propose la compagnie Tigerair Taiwan à ses clients à travers le concept "Flight to nowhere".
Or, si j'ai souvent pensé que le voyage était aussi important que la destination, faire disparaître cette dernière de l'équation a quelque chose de vertigineusement nihiliste, tant par la dimension mercantile de la chose (qui exploite bassement une situation où la population ne sait plus quoi faire pour s'extraire de l'angoisse) que par la symbolique de payer pour n'aller nulle part…
Également proposée par une compagnie japonaise, cette offre m'apparaît d'autant moins désirable que depuis que nous avons posé nos bagages au Portugal, mon envie de prendre l'avion s'est totalement envolée. Ce que je trouvais auparavant exotique, dépaysant et excitant me semble ainsi aujourd'hui hors sujet, tant j'ai envie de "slow travel" plutôt que d'immédiateté kérosénée.
Mais aussi…
Le Roman Stud Crochet de Valentino, qui ne survivrait pas au sable stagnant sur le siège arrière de notre voiture, aux brusques ondées portugaises, ni à ma maladresse chronique me faisant renverser café, thé, porto...
Un bébé Yoda. Parce que je n'ai plus 8 ans, parce que 58 euros pour un caprice d'adulte c'est bien trop cher, parce qu'il n'est pas si adorablement mignon que cela, parce que Charles me le piquerait immédiatement pour le transformer en divinité Playmobil, parce que je n'ai plus de place sur mon bureau, parce que… Et zut, je le veux quand même.
Une pyramide d'oursons Cyril Lignac servie en guise de bûche de Noël. Totalement accro à ces sucreries, je ne résisterais en effet pas à la tentation de les dévorer en cachette dans la nuit du 23 au 24 décembre, m'attirant alors les foudres de mes 12 neveux et nièces…
Un bracelet Roxanne Assoulin que je pourrais très bien fabriquer moi-même.
Une paire de chaussettes permettant d'enfiler facilement sa combinaison en néoprène. Car se tortiller pour enfiler cette dernière fait partie du charme des sports aquatiques, n'est-ce pas ?
Par Lise Huret, le 04 décembre 2020
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