Vendredi
15h : En descendant Church Street (située à quelques dizaines de mètres de notre immeuble), nous réalisons que nous vivons en réalité à deux pas du quartier gay de la ville. Comme à San Francisco, ce dernier diffuse une atmosphère chaleureuse et légèrement branchée. J'aime cette liberté à fleur de muscles, ces couples siamois, ces passages piétons arcs-en-ciel…
15h15 : Arrivés au niveau de Carlton Street, l'immense enseigne Loblaws attire notre attention. S'agirait-il d'une variante de Whole Food ? Après une courte exploration, il s'avère que l'on y trouve de tout : des produits bio, des chips de maïs faites sur place, des cupcakes multicolores, de la pâte à pizza fraîche à la farine complète, des gâteaux en forme de hamburger ou encore des sushis au riz brun, le tout dans un espace aéré, propre et avenant. On se promet de revenir au plus vite !
15h45 : Nous finissons par atterrir en plein downtown en quête d'une boutique Apple, que nous trouverons au coeur de l'immense mall local. J'y laisse alors Julien et emmène Charles flâner chez J.Crew. Un petit tour entre les portants me confirme que si leurs tee-shirts grands col V sont très chouettes, la plupart des pièces font en réalité plus "WASP" que "Jenna Lyons".
Samedi
11h : Nous prenons l'ascenseur avec une charmante grand-mère qui, après avoir échangé avec Charles du 28e étage au rez-de-chaussée, nous lance : "Stay here, I will come back in a minute !". Nous obéissons, un peu décontenancés. De retour quelques minutes plus tard, elle me tend une page de cahier arrachée : "My best cookies recipe, for him !". Puis elle s'en va en trottinant joyeusement vers la sortie...
16h : Les cookies sont dans le four. 8 minutes plus tard, ils sont cuits. Nous les laissons un peu refroidir, puis les goûtons. Entre croûte craquante et intérieur fondant, ils sont divins ! C'est tout du moins ce que ressentent dans un premier temps mes papilles étourdies par une telle avalanche de sucre. En réalité, ils se révéleront tellement riches et denses qu'il sera difficile d'en avaler plus de 4 bouchées...
20h30 : Le ciel s'embrase et nous livre un tableau à la fois unique et éphémère dont il sera difficile de se lasser...
Lundi
5h30h : J'ouvre les yeux, réalise que Charles rentre à la crèche demain, visualise mentalement l'interminable liste de choses à apporter - bottes de pluies, K-Way, deux tenues complètes de rechange, maillot de bain, chapeau, crème solaire, photo de famille (sérieusement ?), une gourde (euh un biberon, c'est ok ?), couverture, couches, lingettes, etc - et me dis qu'il va falloir aller faire des courses.
9h : J'enfile - pour la première fois depuis l'été dernier - mon short en denim. Après plusieurs mois passés en jeans boyfriend, il n'est pas facile de ressortir toutes jambes dehors.
11h : En pleine séance shopping au rayon "toddler" de chez Gap, je tombe sur un tee-shirt Superman. Je le déplie et découvre une cape rouge scratchée dans le dos. L'idée est géniale ! Je sens que les vieux tee-shirts de Charles ne vont pas tarder à muter en costumes de super-héros…
14h : Devant les lunettes Prada de saison, je m'interroge : dois-je remplacer mes Ray-Ban Aviator - qui après 6 années de bons et loyaux services ont fini par rendre l'âme - par une paire identique ou dois-je plutôt tenter autre chose ? Je décide de m'amuser un peu. Je pose alors sur mon nez du Prada, du Dolce&Gabbana, du Stella McCartney… C'est fou comme une paire de lunettes peut en une seconde vous faire ressembler à une rédactrice de mode. Après quelques minutes à jouer les Anna Dello Russo, je réalise que la seule question à laquelle il convient de répondre est : "Est-ce que je veux des lunettes pour être vue ou plutôt une paire se fondant dans mon allure générale ?". La réponse est évidente. J'opte donc pour les Ray-Ban.
21h40 : Alors que je travaille sur le canapé, Julien m'interpelle soudain : "Regarde dehors !". De toutes parts s'élèvent des feux d'artifice célébrant le Victoria Day. Nous sortons sur le balcon et contemplons le spectacle…
Mardi
8h : Un pied, puis l'autre, Charles me laisse docilement l'habiller. Il sait qu'il va à la crèche et il est tout heureux car aujourd'hui "papa et maman restent". Journée d'adaptation oblige.
8h30 : "Hello Charles !" La directrice accueille avec le sourire son nouveau petit pensionnaire et nous emmène jusqu'à sa "classe", où il règne déjà une joyeuse activité. "Viens maman !" : Charles me guide tout droit vers l'espace dînette, me fait asseoir et me tend une tasse : "Tiens, thé bon !". Je suis rassurée, il se sent déjà chez lui ! Finalement, au bout d'une demi-heure, on nous propose de le laisser et de revenir un peu plus tard.
9h10 : J'ai beau avoir attendu ce moment de tranquillité pendant des semaines (lors desquels j'ai pris énormément de retard dans mon travail), je m'effondre en pleurs dans les bras du Julien. Je me sens ultra égoïste d'avoir laissé Charles dans un environnement totalement étranger…
9h30 : Coup de fil de la crèche, Charles ne semble pas du tout avoir envie de partir. Inutile donc de venir à 10h : 11h sera parfait. Je respire. Allez, au boulot !
11h : Radieux, Charles se jette dans nos bras, distribue des "bye bye !" à la volée et me demande : "pique-nique ?". Direction l'herbe grasse de Queen's Park !
Mercredi
6h : Ma séance de course à pied se fait aujourd'hui devant le film "Mange, prie, aime". Ayant lu le livre il y a quelques années, j'avais jusqu'ici toujours refusé de voir son adaptation au cinéma. J'aurais dû rester sur mes positions : j'ai rarement vu un film aussi niais. J'ai même du mal à finir mes 50 minutes de course, tant Julia Roberts m'exaspère.
7h : En sortant de la "fitness room", j'entends quelques clapotis. Je tourne alors la tête et aperçois la piscine extérieure remplie à ras bord : j'en connais un qui ne va pas tarder à inaugurer ses nouveaux brassards gonflables...
11h : Je croise mon reflet dans le miroir de la grande salle et me découvre rousse. Ma teinture réalisée à Paris le mois dernier a une fois de plus fini par virer au roux cuivré et je déteste cela. Je ne comprends pas pourquoi sur moi une coloration blond foncé vire toujours au roux... Entre mes racines châtains, mes cheveux blancs et cette couleur hideuse, je me sens désemparée.
17h: Vêtu de son tee-shirt Superman, Charles passe devant une caserne de pompiers où discutent gaiement trois hommes en uniforme. Amusés à la vue de ce micro super héros à la cape flottant au vent, ils lui proposent de monter dans leur camion. Aussitôt dit aussitôt fait : en quelques secondes, Charles se retrouve sur le siège conducteur en train d'essayer de tourner le volant de l'un de ces fameux camions rouges qui le fascinent tant...
21h : Bien décidée à me plonger dans Snapchat, j'éprouve toutes les peines du monde à en comprendre le fonctionnement. Comment une application peut-elle être aussi peu intuitive ?
Jeudi
12h : Face à notre bento, nous savourons avec Julien notre premier resto en solo depuis notre départ de Paris et en profitons pour faire le point. Personnellement, je suis en train de tomber amoureuse de la ville, de ses quartiers, de sa population. Il faut dire que le temps superbe que nous avons depuis quelques jours offre à Toronto un éclat particulier…
Par Lise Huret, le 27 mai 2016
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"Mange, prie, aime", quelle torture! Qu'est allé faire Javier Bardem dans cette galère?