Week diary #68
Au menu de ces derniers jours : premier thé en terrasse, lingerie nouvelle génération, envie canine, technique artisanale, fin de l'année scolaire, effort jouissif et espoir hormonal...
Mercredi 8 mai
9h30 : Fourmillant d'énergie après ma séance de barre au sol matinale, je rejoins le Field Trip Cafe où m'a donné rendez-vous Laure (mon amie créatrice de lingerie). Véritable oasis éco/responsable/branchée au milieu d'un quartier n'en étant qu'au début de sa phase de gentrification, cet endroit lumineux où l'on sert un espresso reconnu pour être l'un des plus savoureux du coin ne manque pas de charme (je regrette simplement de n'y trouver aucun fruit pour accompagner mon thé vert, ce qui aurait pourtant fait sens au sein d'un établissement féru de produits healthy/yummy). Devant l'absence de place libre à l'intérieur, je migre vers la terrasse qui, baignée de soleil, me ferait presque oublier les 9 degrés Celsius de ce matin de mai. Les mains lovées autour de ma tasse brûlante, je vois arriver au loin une cycliste souriante. Française, diplômée de la Saint Martins School, ex-directrice artistique dans la pub, cette frêle jeune femme à la beauté solaire et à la peau de porcelaine n'a de cesse de m'impressionner. Seule à la tête de sa marque de lingerie (Lorette) défiant les stéréotypes régentant un milieu gouverné par l'esprit Victoria's Secret, elle relève les défis avec une abnégation et une humilité qui force le respect. Ajoutez à cela une douceur folle et vous comprendrez ma joie de la retrouver pour échanger sur nos existences respectives…
11h40 : Le poil ras et la démarche pataude, le bébé Shar Pei qui s'avance devant moi - sous le regard énamouré de sa maîtresse au look minimaliste nonchalamment pointu - m'attendrit plus que de raison. Je ne sais pas si c'est le fait de m'être récemment arrêtée une bonne cinquantaine de fois dans la rue pour que Charles puisse lancer un "have a good day !" aux chiens que l'on croise ou si le lavage de cerveau effectué par mon fils pour que l'on adopte un individu de race canine finit par fonctionner, mais une chose est sûre : je suis de plus en plus touchée par ces animaux qui rimaient jusqu'ici pour moi avec contraintes inutiles et cataclysmes de poils. Notre prochain lieu de vie pourrait bien ainsi comporter un jardin…
Lundi 14 mai
5h (11h heure française) : Je m'éveille avec en mémoire le rêve que je viens tout juste de quitter : je suis assise dans une clairière avec un bloc de glaise entre les mains, sans réussir à en faire quoi que ce soit. Un arbre se penche alors vers moi (oui oui…) et me souffle à l'oreille : "Il faut que tu prennes le temps d'apprendre". Pour moi qui ai par le passé modelé la terre en total autodidacte et qui cherche actuellement à me rapprocher de la matière, ce songe fait sens : il faut que j'apprenne une technique liée à la terre. J'appelle alors mon père kinésithérapeute à la retraite reconverti en potier et lui demande s'il accepterait de me transmettre un peu de son savoir. Le rendez-vous est pris : cet été, lors de notre séjour en Lozère, j'aurais tous les matins les mains dans l'argile...
9h : Je reçois un email de l'école de Charles avec le calendrier du mois de juin répertoriant les événements à venir. Mais pourquoi celui-ci s'arrête-t-il au 13 juin ? Oh mon Dieu… l'année scolaire se termine le 13 juin ! Mais le "summer camp" de Charles ne commence que le 2 juillet…
Mardi 15 mai
12h25 : Assise devant un nan appétissant, j'écoute pétrifiée une amie me décrire les mécanismes complexes et toxiques de l'entreprise dans laquelle elle évolue. Cette dernière a beau être entièrement tournée vers le bien-être cosmétique de la femme, elle n'en broie pas moins celles qui évoluent en son sein, entre pression incroyable et sensation d'être constamment sur un siège éjectable, et ce quel que soit son degré d'ancienneté. Pour moi qui en ai souvent assez de travailler seule devant mon ordinateur, cette conversation me rappelle à quel point je suis privilégiée.
14h : Je reçois un message de Julien m'indiquant qu'il est dans le quartier où je me trouve et que l'on peut se retrouver sur la route. Quelques minutes plus tard, j'aperçois son mètre quatre-vingt-douze qui se profile au loin. Vingt-deux ans après notre premier baiser, j'éprouve toujours la même sensation à son approche : zygomatiques qui frétillent et folle envie de courir vers lui...
Mercredi 16 mai
6h30 : En dépit de l'horaire matinal, le studio est plein. Il faut dire que les femmes du quartier de Yorkville sont prêtes à tous les sacrifices pour assister au cours de Derek Friday, une immense liane à l'humour pince-sans-rire et à l'enseignement exigeant. Cet homme au physique de danseur étoile est en effet capable de nous faire effectuer les exercices les plus douloureux tout en nous faisant garder le sourire avec ses saillies piquantes à l'ironie pétillante…
Jeudi 17 mai
15h : 26 dollars (canadiens)… 26 dollars ! Composé de pousses d'épinards, de roquettes, de pommes, de kiwis, d'aubergines, de poires, de basilics, de curcuma frais, de mûres et de bananes, mon panier (bio) m'aurait facilement coûté le double chez Whole Food. Quelle satisfaction de réussir à faire ses courses alimentaires sans payer le prix d'un marketing surfant sur notre besoin de nous nourrir sainement ! Chez ce petit vendeur de fruits et légumes, aucune mise en rayon sexy, aucun packaging à la calligraphie aguicheuse, aucun emballage irrationnel, juste des produits frais et des jeunes femmes qui à la caisse positionnent spontanément et astucieusement mes achats pour ne pas que ceux-ci s'abîment…
Sur le chemin du retour (qui nous prendra une bonne trentaine de minutes), nous savourons avec Julien notre nouveau mode de fonctionnement consistant à effectuer toutes nos courses à pied. Pour nous, ne plus avoir à grimper dans notre voiture pour aller d'un parking souterrain à un autre est tout simplement jouissif. Cela nous oblige par ailleurs à acheter différemment et à nous passer du superflu (au vu de l'espace limité de nos sacs à dos). Du coup, nous planifions systématiquement nos repas, nous mangeons mieux et éprouvons une réelle satisfaction à fournir une dépense énergétique pour aller chercher notre nourriture. Je n'en peux plus de cette culture du tout confort qui finit par nous priver de la joie savoureuse consécutive à l'effort...
19h : Du haut de notre 56e étage, nous voyons arriver au loin des rideaux de pluie bleutée. Ce spectacle silencieux et grandiose nous incite à savourer la chance que nous avons de vivre si près des nuages. Cela ne sera pas toujours le cas et nous en prenons de plus en plus conscience…
Vendredi 18 mai
11h : Je viens de recevoir les résultats du bilan hormonal réalisé il y a quelques semaines dans l'espoir de trouver un moyen de soigner ma fatigue chronique et ma bipolarité. Ceux-ci se révèlent sans équivoque : j'ai un faible taux de cortisol et mon taux d'oestrogènes correspond à celui d'une femme ménopausée. Or, il se trouve qu'il y a un lien direct entre carence en oestrogènes et troubles de l'humeur. Serais-je en train d'entrevoir le bout du tunnel ? À suivre...
Par Lise Huret, le 20 mai 2019
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