Week diary #61
Entre recherche d'une crèche, immenses chamallows, étonnant parc de jeux, coucher de soleil fascinant, conversations à l'international, restaurant asiatique insipide, chantier urbain, campus verdoyant, écureuil curieux, snack XXL, envie de nourriture saine, église Hare Krishna et balançoires en duo, passage en revue de nos deux dernières semaines passées à Toronto...
Mardi 3 mai
14h : Après 5 minutes de marche, nous arrivons au pied d'un immense building. Intrigués, nous revérifions l'adresse : la crèche devrait bien se trouver là. Située au rez-de-chaussée, cette dernière se révèle être d'une modernité chaleureuse. Les poussettes "autobus" pourvues de pas moins de 5 places m'impressionnent. Après une visite en bonne et due forme (lors de laquelle Charles eut semble-t-il un coup de foudre pour une adorable petite fille asiatique), la directrice nous annonce que nous avons de la chance : elle devrait avoir de la place en... septembre. Gloups !
16h15 : Petit arrêt chez Shoppers. J'avais oublié à quel point l'offre de ce supermarché était hétéroclite, entre surgelés, produits de beauté coûteux, papeterie, sodas et médicaments distribués sur ordonnance. Sans oublier les énormes chamallows blancs (environ 9 cm de hauteur) spécial barbecue qui donnent envie d'être dévorés autour d'un feu de camp. Ou sur son canapé devant un épisode de Girls...
Mercredi 4 mai
6h30 : Alors que Charles dort bien confortablement au milieu de notre immense lit (depuis que nous sommes arrivés, il finit systématiquement ses nuits avec nous, vive la régression…), nous mettons au point avec Julien un plan de combat, l'objectif étant de réussir à travailler correctement tout en prenant soin de Charles. Nous décidons d'établir des "horaires de responsabilité" : de 9h à 10h je m'en occupe pleinement tandis que Julien travaille sereinement, et ainsi de suite…
9h : Avec Charles, nous quittons l'appartement, direction le parc de jeux situé à deux blocs de chez nous et repéré la veille. Très vite, entre les voitures en plastique, les trottinettes et les jouets type mini cuisine, Charles ne sait plus où donner de la tête. Je suis impressionnée par ce concept de libre utilisation : le parc n'est jamais fermé, les jouets ne sont pas attachés, il n'y a personne pour surveiller… Et tout reste là.
15h : Coup de fil inattendu d'une autre crèche avec laquelle nous avions précédemment pris contact : il se pourrait qu'ils aient quelque chose à nous proposer. Nous ne voulons pas nous réjouir trop vite...
19h40 : L'ordinateur sur les genoux, le dos confortablement enfoncé dans le canapé, je réponds aux conseils du jour en admirant un incroyable coucher de soleil. Les éclats orangés de ce dernier ricochent sur les vitres des gratte-ciels… Magique.
Jeudi 5 mai
14h : Il est 20h en France. Avec Charlotte, c'est l'heure que nous avons choisie pour nous appeler via WhatsApp. Quel bonheur d'entendre la voix douce et joyeuse de mon amie ! Nous avons tant de choses à nous dire, le temps passe trop vite. C'est à la fois merveilleux et frustrant.
16h : Dans le bureau de la directrice de la crèche, nous attendons religieusement notre sentence : aura-t-elle oui ou non une place disponible pour Charles, et si oui d'ici combien de temps ? Après quelques - très longues - minutes, le verdict tombe : ce sera le 24 mai. Je n'en crois pas mes oreilles. Je demande : "2016 ?". Et elle me répond que oui : au vu de notre profil (nous n'avons pas accès aux aides de la ville, donc pas de dossier à faire) et du timing (un enfant s'en va), cela peut se faire assez vite. Bonheur et félicité...
Vendredi 6 mai
15h : Sur Bloor Street, les griffes de luxe telles que Dolce&Gabbana, Chanel et Hermès jouxtent Gap et COS. C'est cependant l'enseigne Aritzia qui attire mon regard : à force de la voir citée par les blogueuses américaines, j'ai bien envie d'aller y faire un tour. Mais pas maintenant : Charles a envie de se dégourdir les jambes. Direction le parc le plus proche !
18h : On dîne tôt au Canada (et c'est très bien). Avec le décalage horaire, notre estomac nous tiraille dès 17h… Nous décidons de tester un restaurant asiatique relativement chic et assez fréquenté. C'est la première fois que je mange une nourriture aussi grasse, sucrée et en même temps insipide. Je regarde autour de moi : apparemment tout le monde se régale. Les palais doivent différer d'un continent à l'autre...
Samedi 7 mai
15h : Le nombre de maisons - parfois sublimes - sur le point de se voir démolir afin d'être remplacées par un immense building est assez impressionnant (Toronto est la ville d'Amérique du Nord qui comporte le plus de gratte-ciels en construction). Je n'ose imaginer le prix du mètre carré au sol... Ces chantiers sont une parfaite illustration du passage du monde d'hier à celui de demain. C'est à la fois vertigineux et un peu triste.
17h : Mais où sont les passages piétons ? Face à la pénurie - souvent agaçante - de zones pour traverser, on comprend vite que la ville est ici avant tout le royaume de la voiture…
Dimanche 8 mai
15h : Le craquement d'une noisette sous la dent agile d'un écureuil me fait lever la tête. Confortablement installé sur l'une des branches de Queen's Park, il m'offre une image à la fois drôle et adorable qui s'imprime instantanément dans ma mémoire. Le thermomètre affiche 16°C et il règne ici une ambiance estivale : les joggeurs sont en micro short, un jeune homme en ample combi-pantalon-débardeur s'exerce au tai chi sur une table de pique-nique en bois, les filles bronzent en haut de bikini… Entre les bâtiments en pierre grise esprit médiéval et les étudiantes en mini tenue de sport, j'ai l'impression d'avoir pénétré dans un Poudlard version nord-américaine (voir ici, ici et là).
15h40 : Les petits écureuils (pas si petits en réalité) cavalent sur les pelouses. Alors que Charles tente une approche, l'un d'entre eux s'arrête soudain, intrigué. S'en suivra une incroyable séance d'observation, lors de laquelle l'enfant et le rongeur, parfaitement immobiles, se jaugeront pendant quelques interminables secondes.
Lundi 9 mai
8h : Enfer et damnation : il nous manque du lait ! Je file donc sans tarder au Rabba du coin (le supermarché local). Une fois à la caisse, je me retrouve hypnotisée par l'immense présentoir de barres chocolatées, mais aussi et surtout par la taille de ces dernières, qui ne se déclinent qu'en double size. En payant, je croise le regard d'une Angelina Jolie moribonde en couverture d'un tabloïd annonçant que Brad Pitt la trompe avec Marion Cotillard. Les journaux people ici ne se refusent rien…
Mercredi 11 mai
11h : Face à l'angoissante et omniprésente junk food, Julien me supplie de lui faire des légumes (ce qui ne lui est jamais arrivé en 10 ans de vie commune), des noix et du poisson. Il ne faut pas me le dire deux fois : direction Whole Food ! Sous le regard approbateur de Julien, je fais le plein de noix, d'amandes, de noix de cajou, de graines de courges et remplis mon panier de tomates, d'asperges et de graines germées.
14h : Après 15 minutes de balade, nous arrivons dans un quartier où le niveau de vie a l'air assez élevé, comme le laissent pressentir les voitures de luxe prenant le frais à l'ombre des grands arbres, les magnifiques maisons positionnées en retrait de la chaussée (dans cet esprit), mais aussi les femmes de 50 ans totalement refaites…
Jeudi 12 mai
7h30 : C'est définitif : je ne peux plus boire le café de chez Starbucks. Après avoir goûté au café italien, celui-ci me dégoûte. J'enrage, car j'adore le principe de me promener avec mon café tout chaud entre les mains.
17h : La diversité culturelle est ici telle que je ne suis presque pas surprise de découvrir une "église" dédiée à Hare Krishna. Près de là, un petit parc où des balançoires pour enfants jouxtent des modèles pour adultes nous offre à Charles et moi un moment de complicité espiègle, lors duquel la synchronisation éphémère de nos balancements fait naître un lumineux sourire sur le visage de mon fils.
Vendredi 13 mai
6h30h : Le brouillard est tel qu'en regardant par la fenêtre, j'ai l'impression d'être dans un nuage. Le front contre la vitre, dans le silence de la ville à peine éveillée, je pense à ces deux premières semaines passées en Ontario. Je me dis alors que plus je voyage, plus je me sens française et plus je réalise que l'art de vivre à la française est une richesse en soi. Je me dis également que la totale liberté vestimentaire locale est aussi déstabilisante qu'apaisante, que la pauvreté criante de certains quartiers est difficile à accepter, que la ville sous le soleil est belle, que vivre au 36e étage - ce qui permet notamment de voir arriver les nuages de très loin - est fascinant et que la vie nord-américaine est avant tout faite de contrastes...
Par Lise Huret, le 13 mai 2016
Suivez-nous sur , et
J'avais hésité à répondre à ton précédent post sans oser me lancer mais là j'ai vraiment envie de te remercier pour ces week diaries que je me réjouis de lire à chaque fois ! Ces premières impressions de Toronto et surtout de la vie en Amérique du Nord me parlent tout particulièrement alors que je m'apprête à quitter Paris avec mari et enfant pour m'installer à NY.
"Expérience incroyable ! Chance inouïe !" Voilà ce que j'entends de ma famille et de mes amis.
Alors oui, certes, ça va être une belle aventure mais, fraichement rentrés d'une semaine de repérage appart/mode de garde/vie locale, on est pas exactement dans le NY de film et on réalise bien qu'effectivement l'art de vivre à la française c'est précieux. Affaire à suivre... je nous fais confiance pour prendre le meilleur de ces villes excitantes et différentes tout en conservant ce twist français si particulier.