Jeudi 31 mars
9h : Nous refermons la porte de l'appartement qui aura abrité nos vies pendant 5 mois. Chargés plus que de raison, le coeur légèrement chaviré, l'excitation à fleur de peau, nous descendons pour la dernière fois les longs escaliers de pierre de notre immeuble/ancien palais florentin et sautons dans un taxi. Direction l'aéroport.
11h10 : Une vague de turbulences malmène généreusement notre avion. Sortant à ce moment précis des toilettes, Julien et Charles perdent l'équilibre et se retrouvent assis sur le sol. Un "mamannnn" vigoureux et apeuré s'élève du fond de l'avion... Puis, d'un coup, tout s'apaise. Vive les micros films catastrophe...
12h15 : En sortant du terminal, l'air froid me saisit au visage. Et dire qu'hier soir encore nous étions assis sur un banc en petits pulls légers à déguster une glace…
14h : Nous prenons possession de notre petit et très temporaire nid douillet parisien. Déniché sur Airbnb, il se révèle bien plus joli qu'en photo. Ses 40m2 sont parfaitement exploités, chaque détail a été parfaitement pensé et cela procure une délicieuse sensation de confort. La vue au loin sur le Sacré Coeur achève de nous séduire.
Vendredi 1er avril
8h30 : Au Starbucks du coin, je trempe mes lèvres dans un grande americano et repose aussitôt mon gobelet en carton, surprise par le goût aigre de ce breuvage insipide. Le café italien me manque déjà...
11h : Je travaille sur mon ordinateur posé sur le bar de la kitchenette. Tout est calme, Charles a retrouvé son ancienne nounou, Julien code sur le canapé, j'ai du temps… Quel luxe !
18h : Je récupère un petit garçon souffreteux. Après 5 mois de trêve florentine, il ne lui aura fallu que 24h à Paris pour renouer avec ses problèmes respiratoires. Coïncidence ?
Dimanche 3 avril
11h40 : Le ciel bleu me met le coeur en joie et offre à Paris une sublime toile de fond. Nous décidons de renouer avec nos anciennes habitudes et d'aller "pique-niquer" au jardin du Luxembourg situé à deux pas de l'appartement.
12h10 : Assis sur un confortable banc, le visage baigné de soleil, sirotant un coca et surveillant du coin de l'oeil les malheureux pigeons tentant d'échapper aux assauts de notre ornithologue en culotte courte, nous réalisons à quel point Paris nous a manqué. Loin de cette ville et de ses contraintes, on oublie vite sa beauté, son caractère unique, sa grandeur, son charme…
16h20 : Notre immeuble étant situé à quelques mètres seulement d'une boulangerie se vantant de produire la "meilleure baguette de Paris", nous ne résistons pas à l'appel du goûter. Bien nous en a pris : entre croûte craquante et mie alvéolée élastique, celle-ci mérite sa médaille !
Lundi 4 avril
12h30 : Installées à l'une des tables du Dépanneur, nous savourons avec Lili la joie de nous revoir. Plus sereine que jamais, elle me parle de ses enthousiasmants projets, évoque ses futurs voyages ainsi que l'impact des réseaux sociaux sur les enfants. J'aime cette force à la fois fragile et déterminée qui émane d'elle.
14h20 : Lili m'invite à visiter son nouvel appartement. Face aux teintes parfaitement choisies recouvrant les murs, aux meubles bien pensés, mais aussi et surtout à cette cuisine familiale où la grande et longue table invite aussi bien à un dîner joyeux qu'à la résolution d'exercices de mathématique, j'envie soudainement cette capacité qu'ont certains à s'ancrer quelque part et à se construire à un cocon.
Mardi 5 avril
12h10 : Dans le Uber me menant à mon déjeuner avec Géraldine, j'ai la très mauvaise idée de communiquer par SMS avec Alice. En deux minutes, j'ai le coeur au bord des lèvres. J'avais oublié à quel point je ne supporte pas d'être assise à l'arrière d'une voiture…
12h30 : Dans son trench mastic ceinturé sur sa robe fleurie Topshop, Géraldine a tout de l'élégante working girl. Devant une entrecôte (pour elle) et une salade de saumon (pour moi), nous évoquons son travail, sa nécessité d'aller courir chaque matin pour tenir le coup et notre prochain déménagement à Toronto. Étonnée d'apprendre que je n'ai pas encore lu le livre de Sophie Fontanel, elle me le conseille vivement. Pour mille raisons, je n'ai pas encore réussi à ouvrir ce livre dont tout le monde chante les louanges. Il va bien falloir que je finisse par m'y plonger...
17h30 : Nous pénétrons dans le cabinet du médecin censé nous délivrer la dernière pièce manquant à notre dossier pour l'obtention de notre visa canadien. Charles, surexcité, escalade le moindre pot de fleurs et pousse des cris de ninja… Je l'assois sur une chaise et lui demande de se calmer. C'est alors qu'il me lance à haute et intelligible voix : "taper Yarles ?" Moi, surprise : "qui te tape ?" et lui de répondre : "Maman, maman taper Yarles". Je me pétrifie sur place. Je sens un silence s'installer dans la pièce. "Mais mon chéri, je ne te tape pas !". "Maman pas taper Yarles !". Je me retourne vers le docteur, qui me délivre sentencieusement un : "La vérité sort de la bouche des enfants...". Je suis mortifiée…
Mercredi 6 avril
13h : Je retrouve mon amie Delphine au Hibou. 15 années ont beau nous séparer, elle fait partie des femmes avec qui j'ai le plus de complicité. Longue et fine dans sa veste à paillettes bleu marine, elle n'a pas changée, toujours aussi belle et libre. Nous passerons une partie du déjeuner à évoquer la maison au Portugal dont elle a dessiné les plans avec passion. Avec ses murs peints à la chaux, son toit-terrasse et ses fenêtres tournées vers les rizières, cette demeure - qui ne vit pour l'instant que sur le papier - a tout du paradis terrestre.
19h : Charles rampe sous la table basse de notre amie américaine d'origine coréenne. Présente en France depuis une dizaine d'années, celle-ci m'évoque le sentiment de suspicion qu'elle ressent actuellement à son encontre lorsqu'elle prend les transports en commun. Il faut dire que pas plus tard que la semaine dernière, une vieille dame dans le bus l'a regardé droit dans les yeux et lui a lancé un : "Retournez dans votre pays !". Sérieusement ?...
Jeudi 7 avril
8h : Sur mon tapis de course, j'avale les kilomètres, je me sens bien.
12h30 : Je traverse la place Saint Sulpice, m'abîme un instant dans la contemplation de ces deux tours faussement jumelles, me lave l'esprit dans l'eau débordante de la fontaine et me souviens de Charles effectuant ses premiers pas hésitants sur ces mêmes pavés.
12h45 : Assise à la terrasse du café des Éditeurs, je guette l'arrivée de Mai. Avec son sweat à capuche, ses imposants écouteurs et sa jupe Dries Van Noten, celle qui nous prépare un film aux émotions à fleur de pellicule possède une allure folle, unique, inimitable. La joie de nous retrouver nous jette dans les bras l'une de l'autre. C'est long 5 mois...
21h : Je commence "La Vocation" de Sophie Fontanel.
23h : Je comprends pourquoi ce livre est tant apprécié.
Vendredi 8 avril
6h : Sur le lit canapé, Charles ronfle adorablement. J'essaie de ne pas faire de bruit en commençant à rassembler nos affaires. Demain, nous partirons 15 jours chez mes parents dans le Massif Central (j'ai hâte de me promener sur les sentiers lozériens, de croquer dans une tranche de tomme fraîche et d'aller compter les moutons avec Charles). Puis, après une pause de 3 jours à Paris, nous nous envolerons vers Toronto...
Par Lise Huret, le 08 avril 2016
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Pas très drôle ce week diary :(
Le jugement du médecin est odieux, il n'est pas sensé donner son avis et croire tout vieil adage de vieille femme... Sur tous les baby-sittings que j'ai pu faire, j'ai vu des enfants qui pleuraient dans les bras de leurs parents en affirmant que je les tapais, ou que je les enfermais dans le placard, se vengeant parce que je leur avais refusé un caprice...
Ton retour florentin est bien triste, vivement que vous vous ressourciez chez la famille !
Prenez soin de vous <3