Lundi 25 janvier
16h : Alice me fait découvrir la charmante piazza Santo Spirito où s'égrènent de nombreux petits cafés. Celui dans lequel nous pénétrons est des plus chaleureux avec ses canapés dépareillés, ses fauteuils à oreilles usées, ses livres débordant des étagères… Le genre d'endroit où je pourrais passer une éternité, et ce d'autant plus que leurs serveurs sont agréables, que leur connexion wifi est correcte et que leur jus carotte/citron/orange/gingembre est exquis (je pense qu'ils épluchent leurs carottes et cela change tout).
Vendredi 29 janvier
22h : Un chapeau élégamment posé sur sa chevelure de feu, Géraldine gravit les interminables marches menant à notre appartement florentin. La voir ici me fait un bien fou.
23h : Confortablement assis dans le canapé, une infusion brûlante entre nos mains, nous refaisons le monde à coups de fraises Tagada (offertes par mon invitée qui connaît très bien mes goûts) et de cantuccini aux amandes et au chocolat. Le temps file, mais l'on est si bien… Tant pis pour les réveils difficiles !
Samedi 30 janvier
10h45 : Après un petit déjeuner pris à la maison tranquillement entre filles (où nous passâmes en revue les derniers gossips), nous voilà sur le chemin qui mène à la piazza Michelangelo. Je tiens à faire découvrir à Géraldine cette promenade que j'aime tant.
12h : Il est l'heure d'abandonner mari et enfant afin d'aller rejoindre Alice qui nous attend dans une trattoria située pas loin du Ponte Vecchio. Sur les conseils de notre Italienne d'adoption, nous y dégustons un goûteux plat de charcuterie accompagné de pain et d'une - divine - huile d'olive. Entre anecdotes personnelles, discussions enflammées sur la stratégie de certaines marques et digressions sur nos avenirs mutuels, le moment est exquis.
15h : Nous arpentons les rues de Florence. Curieusement, alors que d'ordinaire la ville et ses détails m'enchantent, je ne vois aujourd'hui que ses défauts. Telle odeur m'insupporte, tel graffiti me dérange... Tout me semble moins lumineux, moins saisissant. Je me sens obligée de m'excuser de tout auprès de Géraldine...
16h : Après un petit détour par ma boutique vintage préférée, nous nous dirigeons vers le supermarché Conad du coin afin de nous constituer un goûter digne de ce nom.
Dimanche 31 janvier
13h : C'est l'heure pour Géraldine de repartir vers Paris. Je ne peux m'empêcher d'avoir un petit pincement au coeur.
Mardi 2 février
17h : Alors que nous passons devant la basilique Santa Croce, la pluie nous surprend. Julien décide alors de s'abriter sous l'un des longs toits florentins (qui semblent avoir été conçus à cet effet), tandis que Charles et moi tendons le visage vers le ciel afin d'essayer de boire quelques gouttes de cette eau qui "mouille". Sur le chemin du retour, le spectacle qu'offre cette Florence détrempée - avec ses pavés luisants, ses lumières floues et sa brume mystérieuse - me séduit presque autant que celui des jours de grand soleil.
Samedi 6 février
9h : La Toscane défile sous nos yeux. Dans notre voiture de location, nous filons vers San Gimignano. Charles a bien grandi : le bébé qui ne supportait pas la voiture s'est mué en petit garçon fasciné par ce qu'il aperçoit à travers la vitre.
10h : Nous longeons les remparts de cette ville si atypique, qui était autrefois hérissée de 75 "maisons-tours" (dont 13 subsistent aujourd'hui). L'ensemble se révèle saisissant, irréel, grisant. Le puits sur la place principale, les ruelles extrêmement étroites (et quasi vides), les jardins suspendus luxuriants, les peintures murales et les façades en pierre m'extraient un instant du 21e siècle. J'ai l'impression d'être dans un songe…
11h30 : Charles nous rappelle à l'ordre : "pinique !". Il faut dire que depuis qu'il voit dans ses livres d'images les personnages faire des pique-niques, il n'a qu'une envie : tester le concept. Alors tant pis s'il fait un peu froid : ce midi, c'est sandwich maison sur le haut des marches de l'église Santa Maria Assunta. Et s'il donnera les ¾ de ses victuailles aux pigeons, écrasera ses gressins en escaladant les marches et tombera plusieurs fois sur le parvis de l'Église, son tonitruant "core pinique !" (traduction : "encore pique-nique") répété en boucle une fois notre repas terminé nous confirmera qu'il a apprécié l'exercice…
Mardi 16 février
15h : En quête d'un tissu d'ameublement florentin pour me confectionner une ample jupe midi, j'arpente une petite rue perpendiculaire au Palais Pitti. C'est alors qu'une boutique de kimono attire mon attention. Une fois à l'intérieur, j'ai furieusement envie de troquer mon vieux pantalon en molleton "Roots" - que j'utilise en guise de pyjama - contre quelque chose de plus raffiné...
Jeudi 18 février
17h : Alors que je viens de refuser à Charles un énième gâteau, je vois soudain ses petits sourcils se froncer, son menton s'abaisser et lui me lancer d'une voix grave et renfrognée : "pas gentille maman". Je me mords les joues : son air sérieux me donne envie de rire. Je lui demande alors de m'expliquer pourquoi il trouve que je ne suis pas gentille. Il s'enfuit, puis revient 10 secondes plus tard et me dit tout penaud : "padon maman" (traduction : "pardon maman"). Difficile de savoir ce qui se passe dans sa petite tête...
Dimanche 21 février
12h30 : Nous traversons l'Arno pour aller bruncher chez Alice. Situé sur les hauteurs de Florence, son appartement bénéficie d'une immense terrasse offrant une insolente vue panoramique sur la ville et ses environs. Je suis au paradis !
Mardi 23 février
18h40 : Nous longeons les bords de l'Arno, la nuit est tombée, la lune brille haut dans le ciel, l'air est vif et une profonde nostalgie m'envahit. Je regarde au loin les silhouettes des pins parasols qui se découpent dans la semi-obscurité et réalise que dans un peu plus d'un mois nous serons partis. Je sais déjà que je quitterai Florence triste de ne pas l'avoir assez savourée, de ne pas avoir assez pris conscience de sa beauté, de ne pas m'être assez gorgée de son atmosphère si particulière, de ses jeux de teintes ocres et de ses subtilités architecturales.
Jeudi 24 février
6h30 : Il est temps de profiter du calme du petit matin pour retrouver celle qui est à l'origine d'une multitude de courbatures dans des zones de mon corps depuis longtemps oubliées. Une super coach italienne ? Un gourou yogi exilé à Florence ? Non… Ma nouvelle prof de sport loge bien au chaud dans mon ordinateur et il me suffit de taper "Ballet Beautiful" pour la retrouver sur YouTube. Le bonheur ! Allongée sur mon tapis de sol, je renoue enfin avec les mouvements si efficaces découverts lors de mes cours canadiens de "barre fitness". Et si j'ai tendance à insulter la trop parfaite Mary Helen Bowers lorsqu'elle enchaîne une cinquième série de ronds de jambe sans jamais se départir de son éternel sourire, je n'en suis pas moins heureuse d'avoir enfin trouvé le moyen de continuer à jouer à la ballerine d'où que je sois dans le monde...
Par Lise Huret, le 26 février 2016
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C'est marrant, moi aussi j'ai cette réaction quand je présente à quelqu'un une chose que, de base, j'apprécie énormément: je ne vois plus que ses imperfections!Et ça me met particulièrement mal à l'aise aussi. Je me demande d'où ça vient.
Petite question: ton séjour t'a-t-il permis de (mieux?) maîtriser la langue italienne?
Bonne journée!