Lundi
En cette période de l'année où tout le monde passe en mode détox et ne supporte plus la vue d'un petit four, je décide de faire un break avec la caféine. Objectif : essayer de me passer pendant une semaine de mon bol de café au lait du matin et de mes - trop nombreuses - canettes de Coca Cola Light. Pour tenir, je dévalise le rayon "thés exotiques" de mon Monoprix.
Je découvre un intrigant portrait d'Isabel Marant par François Coquerel. La créatrice y apparaît le cheveu argenté, sereine. Je l'observe longuement. Plutôt qu'à telle ou telle star de cinéma, mannequin ou icône de beauté, je me dis que c'est à cette femme au visage légèrement marqué par le temps, au pull chaleureux, au regard confiant et à la coiffure paradoxalement juvénile que j'aimerais ressembler demain.
Mardi
Je nourris depuis mon adolescence une véritable passion pour les vieux livres d'histoire naturelle remplis de délicates aquarelles illustrant telle ou telle espèce de papillon exotique. À tel point que lorsque je passe devant la boutique d'entomologie du 32 boulevard Saint Germain, mon oeil est irrésistiblement attiré par les délicats papillons colorés exposés en vitrine. Je ressens alors l'indicible envie d'en posséder un, d'emporter avec moi un peu de cette beauté éphémère au destin contrarié. En entrant dans l'échoppe, j'ai l'impression de faire un bond dans le passé. Tout y est si désuet, de l'odeur de naphtaline aux cloches en verre en passant par le monsieur à l'élégante moustache et au verbe lyrique qui m'accueille avec la familiarité d'un vieil oncle original. Extrêmement érudit, celui-ci me conte des histoires où poisson mortel, aristocratie japonaise et vers à soie se mêlent pour mon plus grand plaisir (et celui de Charles). Je ressors avec un magnifique Catonephele numilia (dont la teinte me rappelle celle des pensées), mais aussi et surtout riche d'une rencontre sublimement étrange et divinement dépaysante.
Mercredi
Le facteur m'apporte un petit colis : "L'Antiguide de la mode" de Charlotte Moreau. Deux heures plus tard, je suis fixée : entre liste insolente de mauvais conseils jubilatoires, dictionnaire de phrases assassines à sens caché et analyses pleines de bon sens de certaines tyrannies modesques, ce livre se révèle être une friandise addictive que les amateurs de second degré ne pourront qu'apprécier. D'ordinaire plutôt mauvais public, j'ai ri - souvent aux larmes - en visualisant les saynètes imaginées par l'auteur pour tenter de dédramatiser nos complexes inavouables de modeuses. Ajoutez à cela une mise en page ludique permettant d'aller efficacement au coeur du sujet (de l'infographie représentant la courbe de vie d'un must have au test permettant de savoir s'il faut ou non ouvrir un blog de mode) et vous obtiendrez 154 pages aussi loufoques que jouissives.
Je m'endors sur mon clavier, la caféine me manque terriblement. Je cède et décapsule une canette de Coca Cola Light. Pari perdu !
Jeudi
Alors que je marche rue Saint Sulpice, j'aperçois la très fluette Laura Smet s'engouffrer dans une boutique Vanessa Bruno. Elle me fait la même "non-impression " qu'au sein du film Yves Saint Laurent, que j'ai quant à lui beaucoup apprécié. J'ai particulièrement été touchée par l'interprétation de Pierre Niney, mais aussi par l'évidente bipolarité de son personnage. Ce sujet me parle tout particulièrement, pour y être confronté au quotidien…
Déjeuner avec Lauren Bastide au resto «Sur un Arbre Perché». Assises confortablement sur une balançoire, nous dégustons une délicieuse soupe de rutabaga en discutant du dailyELLE et de son nouveau poste de rédactrice en chef de la rubrique ELLE Info (un pied dans le papier, un dans le digital, Lauren est une journaliste qui a tout compris à son époque). En évoquant les photos de son fil Instagram où apparait Lily McMenamy, elle me confie que le charisme, la finesse d'esprit et la photogénie de la jeune femme l'ont bluffée. Je comprends un peu mieux pourquoi elle fascine tant le petit monde de la mode.
Juergen Teller aurait refusé de shooter Miley Cyrus pour la campagne de Marc Jacobs. Intéressant...
Vendredi
Je convaincs Julien d'aller faire un tour chez Hackett pour voir s'ils ne solderaient pas leurs pulls douillets à grosses côtes. Bingo ! Encore un pull que je vais pouvoir lui emprunter...
Cela fait désormais 7 ans que Tendances de mode a été lancé. Ne sachant pas où tout cela me mènerait, j'avais à l'époque choisi de signer mes textes d'un pseudo afin de ne pas trop m'exposer. "Coco" était venu naturellement, étant donné mon attachement à Gabrielle Chanel (j'ai commencé à m'intéresser à la mode en classe de cinquième, après que ma prof de français nous ait conté son histoire). Oui mais voilà, mon désir d'authenticité est devenu depuis si obsédant que je ne supporte plus d'utiliser un nom qui n'est pas le mien. Alors oui, c'est un peu "risqué" et je ne sais pas si cela se fait vraiment, mais pour continuer à avancer, j'ai besoin d'abandonner "Coco". Désormais, mes articles seront donc signés "Lise Huret". J'espère de tout mon coeur que vous comprendrez mon choix...
Par Lise Huret, le 10 janvier 2014
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