Chronique #163 : Basiques à l'épreuve du temps
Il est de ces vêtements que l'on achète sans vraiment y penser : leur acquisition est une évidence, tant ils correspondent aux critères que l'on s'est fixé plus ou moins consciemment au fil du temps. Confortables et souvent non dénués de caractère, ils deviennent peu à peu des compagnons au long cours et se muent parfois en seconde peau…
Pourquoi donc ma veste en fausse peau lainée Sessun de 2013, mon jean COS acheté à Florence il y a 6 ans et mon pull d'homme légèrement trop grand trouvé dans un outlet canadien suscitaient-ils tant d'intérêt ? La veste avait beau être indéniablement jolie et n'avoir pas pris une ride en dépit des années, je sentais bien que vos réactions dépassaient le simple coup de coeur vestimentaire. En réalité, ce n'était pas les vêtements en tant que tels qui vous ont interpellé, mais plutôt l'adéquation entre ces pièces et l'image que vous avez de moi. L'une de vous l'a d'ailleurs parfaitement exprimé : "Lise, tu fais un avec tes vêtements et c'est cela qui te donne de l'allure".
Faire un avec ses vêtements… Je ne me l'étais jamais formulé ainsi, mais le fait est que je ne porte aujourd'hui plus que des pièces dans lesquelles je me sens intrinsèquement bien, mais aussi et surtout des pièces qui ont vieilli avec moi. Leurs coutures se sont feutrées en même temps que mes cheveux se sont éclaircis, leur cuir s'est patiné au fil de mes innombrables promenades parisiennes/florentines/torontoises, leur jean s'est assoupli (à l'instar de mes règles de vie) et leur maille s'est lustrée au rythme de l'apparition des lignes sillonnant aujourd'hui le dos de mes mains. Ils sont devenus moi.
Grâce à une coupe me correspondant, une qualité capable d'encaisser le choc de la course du temps et des matières flattant ma bibliothèque d'émotions intérieures, ils sont devenus des prolongements de mon épiderme, des compagnons indéfectibles. Or, nous ne rayonnons jamais autant que lorsque nous sommes entourés de personnes qui nous veulent du bien et dans un cadre en phase avec nos aspirations profondes. Il en va de même avec nos vêtements.
La question n'est donc pas de savoir d'où vient ma veste, mais plutôt quelle sera la veste qui épousera vos goûts les plus intimes, qui vous réchauffera tant physiquement que moralement, qui deviendra une part de votre identité et qui ainsi sublimera votre allure. De même pour mon jean COS : la manière dont je le porte ne correspond pas à la façon dont il était présenté à l'époque sur l'eshop de la marque ; j'irai même jusqu'à dire que mon jean ne ressemble plus vraiment à celui que j'ai acheté. Le fait de le porter régulièrement pour aller siroter un café, jouer dans le jardin ou m'asseoir en tailleur dans un parc ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui : un denim boyfriend façonné par mon style de vie et que j'enfile avec confiance.
Autrement dit, la quête d'allure passe bien plus par une recherche de concordance profonde entre ses goûts réels, son quotidien et ses vêtements que par de multiples séances de shopping...
Par Lise Huret, le 30 novembre 2020
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Ce midi je suis passée dans une boutique pour acheter les tshirts que ma fille met année après année (ses basiques à elle). Un peu plus tôt, j'avais repéré une robe et, persuadée que c'était exactement ce qu'il me fallait, j'en ai profité pour l'essayer. Même si une petite voix me disait que je n'en avais pas besoin. Déception : elle ne m'allait pas du tout, on aurait dit un sac. Alors ok, je garde en tête l'idée d'une robe en flanelle douce, peut-être un peu plus cintrée, qui me permettrait de jouer aux petites voitures et au ballon sans problème tout en étant un peu présentable. Mais clairement, on était dans le cas d'un achat impulsif qui ne m'aurait rien apporté.
Je me rends compte en ce moment que je ne me sens pas si bien que je pensais dans des vêtements que je croyais joli/adaptés à la situation. Je découvre aussi le potentiel de certains vêtements que je n'aurai pas soupçonné. Tout ça pour dire que oui, cette tenue me semble parfaite sur toi, et j'espère finir par trouver le même accord !