Florilège de bizarreries #2
Jeudi, 17h. Afin d'endiguer la mauvaise humeur naissante que je décèle sur le petit front contrarié de mon fils, je lui lance : "Et si on faisait un pull à ton caméléon squelette en utilisant une des mes vieilles chaussettes ?". À ces mots, les traits de Charles se détendent et il me lance amusé : "Tes idées sont vraiment bizarres… It's so cool !". Quelques minutes plus tard, en confectionnant le chandail de Harry (le caméléon), je me suis alors souvenue du "Florilège de bizarreries" publié ici il y a 4 ans et j'ai eu soudainement envie de l'actualiser…
Depuis que ma grande soeur est rentrée d'un voyage linguistique au Texas - en 1993 - avec un CD de Garth Brooks dans sa valise, je suis devenue une inconditionnelle du chanteur de country. "If tomorrow never comes" fait ainsi partie de mes chansons fétiches, celles qui - pour une raison qui m'échappe - me plongent systématiquement dans un blues créatif...Chaque matin, je vais piquer une paire de chaussettes dans le placard de Julien. Cela fait des mois qu'il faut que je renouvelle les miennes et je n'ai toujours pas pris le temps de passer chez Uniqlo…
Lors de mes insomnies, j'aime contempler la petite veine bleue qui bat sur la tempe droite de mon fils profondément endormi.
Après avoir été un bec sucré devant l'Éternel, mes goûts ont drastiquement changé ces dernières semaines. Je suis ainsi devenue totalement insensible à mes délices d'hier (bonbons chimiques, guimauves, biscuits, billes chocolatées...) pour devenir accro à l'univers du salé, à tel point que me damnerais pour un sandwich jambon-beurre acheté dans une bonne boulangerie française. Ce revirement gustatif est pour moi aussi étrange que déstabilisant, tant mon rapport au sucre faisait partie intégrante de mon mode de fonctionnement où déprimes, fêtes, succès, moments de détente et autres voyages en avion rimaient systématiquement avec bonbons...
Je me sens plus à l'aise avec les hommes qu'avec les femmes (à une poignée de sublimes exceptions près...).
J'ai beau me dire qu'il faut que j'enrichisse ma culture cinématographique, je ne parviens pas à sauter le pas. Il faut dire que le noir et blanc me fige d'ennui...
J'aime ouvrir les yeux sous l'eau.
Je suis un feu de paille : je n'arrive pas à tenir sur la longueur. Je brille, je peux même flamboyer, mais je suis incapable d'entretenir la flamme. La peur de décevoir après un coup d'éclat me paralyse.
Je suis physiquement incapable de m'asseoir sur un fauteuil ou un canapé où j'ai décelé des poils de chats ou de chiens.
Lorsque je récupère Charles à "l'aftercare", je vais systématiquement dire un mot gentil à ses petits camarades (environ 5 ou 6), tant j'ai peur qu'ils aient de la peine en voyant Charles partir avec sa mère alors que la leur n'est pas encore arrivée...
La perspective d'un rendez-vous proche (quel qu'il soit) m'angoisse au point de devoir régulièrement les annuler afin de me libérer du sentiment d'étouffement qu'ils génèrent en moi. Mes amies torontoises ont trouvé la parade : elles me proposent en fin de matinée de prendre un café en début d'après-midi. Je n'ai ainsi pas le temps d'angoisser…
Je me souviens à la virgule près des textes de théâtre que j'ai appris il y a une vingtaine d'années.
Lorsque je suis dans l'ascenseur, je joue à la roulette russe des voeux. Je me dis ainsi par exemple : "Si la prochaine personne qui monte dans l'ascenseur est une femme portant des baskets, alors mon voeu se réalisera". J'ai initié Charles au concept : il adore !
Il m'arrive régulièrement le matin de continuer dans ma tête le rêve que je viens de quitter.
Je suis incapable de faire la distinction de manière instinctive entre la gauche et la droite. J'ai ainsi besoin d'esquisser un mouvement d'écriture pour savoir où se trouve la droite. Autant dire que je suis un bien piètre copilote…
Si lors d'un dîner je suis assise en face d'une bougie, je finis toujours par tester la résistance de sa cire amollie par la chaleur…
J'ai la farouche conviction que les frites que je pique dans l'assiette de Charles n'ont aucune valeur calorique.
Grâce au scan corporel que j'effectue durant mes séances de médiation, j'ai appris à plonger dans l'iris caramel de mes yeux. Ces derniers temps, ce dernier est ainsi devenu l'un de mes lieux de promenade intérieure préférés.
Mon humeur est généralement totalement déconnectée de la météo : je peux être totalement déprimée sous un soleil radieux et vibrer d'une joie intense dans la grisaille.
Je suis particulièrement fascinée par la théorie des cordes, les anciennes civilisations et les vagues scélérates.
Par Lise Huret, le 01 novembre 2019
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