La personnalisation, le futur de la mode ?
Si l'on en croit une récente enquête du magazine The Business of Fashion, le concept de la personnalisation devrait être en 2018 un enjeu majeur pour les marques de mode et autres groupes de luxe. Or, si l'on peut facilement prévoir ce vers quoi ces derniers vont se diriger (broderies nominatives, impression à chaud sur les cuirs les plus chics, souliers customisés, événements semi-privés, etc.), il est bien plus excitant selon moi de tenter d'imaginer ce à quoi pourrait ressembler une virée shopping personnalisée en 2028…
16 janvier 2028, 10h. La rétine gainée par ses lentilles de contact ultra connectées, Madame X franchit les portes du Bon Marché. En quelques nanosecondes, la fine pellicule voilant à peine son regard se voit scannée, analysée, disséquée par d'imperceptibles caméras. Les informations susceptibles de jouer un rôle - de près ou de loin - dans son expérience shopping sont alors directement transmises aux neurotransmetteurs de synthèse (formatés par un logiciel de marketing avancé) du fringant vendeur qui se dirige vers elle. Le regard pétillant de données fraîches, ce dernier s'enquiert alors des progrès en équitation du petit dernier (merci Instagram), tout en lui proposant une jupe qui irait parfaitement avec la chemise qu'elle a achetée la veille en ligne. Il prend par ailleurs soin d'éviter les abords de la Grande Épicerie, estimant - à l'aune des récentes recherches Google de sa cliente sur la thématique "comment perdre 10 kilos en 10 jours" - qu'il vaut mieux lui éviter toute tentation.
En lien direct avec la bibliothèque Kindle de cette dernière, il lui indique l'ouvrage idéal pour accompagner lors d'une soirée en solitaire ce suave déshabillé Valentino qu'il lui conseille d'acquérir sans délai. Et lorsqu'il la voit se saisir d'un rutilant sac Balenciaga, il lui suggère diplomatiquement d'orienter son choix vers un autre modèle, étant donné que 4 des contacts de son premier cercle Facebook le possèdent déjà.
Après une heure de shopping aussi précis qu'efficace, constatant l'incapacité des marques en présence à fournir à sa cliente la petite robe noire de ses rêves, il décide de la diriger vers le dernier étage du grand magasin, lui ouvre la porte d'un boudoir privé et l'installe confortablement dans un profond fauteuil faisant face à une machine aux délicats bras articulés. Il lui fait alors enfiler un casque à électrodes et lui suggère de se focaliser sur l'idée qu'elle se fait de la parfaite petite robe noire. Une poignée de secondes plus tard, l'imprimante 3D reliée au casque se met en action et lui livre en quelques minutes un modèle correspondant en tous points à ses attentes.
Une fois terminés, ses achats se voient parfumés aux vapeurs de muguet (les mêmes qui stimulèrent le matin même ses zygomatiques cérébraux lors d'un passage à proximité du fleuriste du quartier), avant d'être envoyés par drone à deux adresses distinctes : la principale, et une autre plus confidentielle (celle de sa garçonnière) que le logiciel d'introspection du Bon Marché a déniché dans une boîte mail secondaire.
Enthousiasmant ou glaçant ? Difficile de savoir…
Par Lise Huret, le 09 janvier 2018
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