Cathy Horyn, irremplaçable ?

L'annonce est tombée comme un couperet : Cathy Horyn, critique de mode émérite officiant depuis 15 ans au sein du New York Times, va reposer sa plume affutée pour une durée indéterminée, laissant la mode orpheline de son observatrice la plus objective...
Cathy Horyn
Si certains créateurs un brin susceptibles - on pense notamment à Hedi Slimane, qui l'avait banni des défilés Saint Laurent Paris pour crime de lèse-majesté - se réjouiront sûrement du départ de la journaliste des colonnes du New York Times, les aficionados de la mode risquent quant à eux de regretter amèrement la fin de l'ère Cathy Horyn.

Il faut dire que la journaliste ne manque pas de qualités :
Elle est l'une des seules à poser un oeil réaliste sur l'univers de la mode. Et si elle a toujours pris soin de se tenir à l'écart du "système", elle n'en connait pas moins parfaitement tous les rouages
Son immense culture mode lui permet d'écrire des papiers fouillés, où il est rare de ne pas apprendre quelque chose
Ses textes sans fioritures font état d'une pensée limpide, incisive et parfaitement structurée
Elle fut l'une des premières de sa génération à traiter internet sur un plan d'égalité avec la presse papier. Son blog - qu'elle nourrit à coup de revues de défilés éclairées et d'analyses pragmatiques au plus près du réel - est une véritable institution. Son fil Twitter affiche quant à lui plus de 300.000 followers
Lorsque tout le monde tourna le dos à John Galliano, elle eut le courage d'écrire que ce dernier avait - comme tout être humain - droit à une seconde chance
Contrairement à bon nombre de journalistes de mode, elle n'arrondit pas ses fins de mois en faisant du consulting et évite ainsi de flirter avec les limites déontologiques du métier
Elle n'a pas succombé à l'appel du "fashion circus" en se transformant en gravure de mode pour séduire les photographes street-style.
Sans concession, elle osa critiquer aussi bien le Vogue d'Anna Wintour que les collections d'Hedi Slimane

Inattendu, le départ de Cathy Horyn risque de laisser un grand vide au sein du petit monde de la mode, et ce d'autant plus que personne ne semble prêt à lui succéder. Désormais, on ne pourra donc plus compter que sur Suzy Menkes pour traiter la mode avec esprit, audace et indépendance. Celle-ci n'étant pas éternelle, espérons que d'autres plumes libres de toute entrave publicitaire ne tarderont pas à prendre la relève, le fashion cosmos pouvant difficilement se passer de vigies…
Par Lise Huret, le 04 février 2014
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14 commentaires
Tous les commentaires
AnaIl y a 10 ans
Je pense aussi que ça aide d'écrire pour un journal qui ne dépend pas entièrement des annonçants du monde du luxe et de la mode, comme c'est le cas du NYT et le International Herald Tribune (maintenat International NY Times) et qui ont une forte culture de journalisme.
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sarah du révérencieuxIl y a 10 ans
C'est plus qu'évident !
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Lise (TDM)Il y a 10 ans
C'est certain effectivement. Je dirais même que rares sont les endroits (que ce soit sur le net ou sur le papier) où les journalistes pourraient se permettre d'avoir ce genre de discours, précisément à cause de l'importance des annonceurs.
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....Il y a 10 ans
Son départ m'attriste parce qu'elle était l'une des rares dont j'allais lire les critiques apres chaque collections avec Suzy. Depuis le départ de Hilary Alexander, le nombre de critiques était réduit à 2. Maintenant, on a plus que Suzy.

Je ne sais pas si elle était l'une des meilleures critique mais elle est une figure charismatique du monde de la mode. J'ai souvent été d'accord avec elle. Que ça soit sur le supposé talent d'Alexander Wang ou de Altuzarra, l'echec créatif de Saint Laurent Paris ou sur ses critiques sur les collections Chanel.

2 de ses critiques m'avaient profondemment marquées: une sur la fameuse collection "Matrix" Haute Couture de Dior en 1999 et l'autre sur la collection Gucci été 2001. Ces collections ont marquées l'histoire de la mode et ont amorcées un cap dans la création des 2 designers. Cathy avait completement lynchée ces collections...qui font partie de mes collections préférées.

Cathy était la grande gueule qui pouvait dire ce qu'on revait de lire...elle n'avait pas peur de dire qu'une collection était "moche" ou "une insulte pour le corps de la femme". Parfois, elle manquait d'objectivité (notamment quand on parle d'Alaia ou de Raf Simons) mais ces papiers était marquant. Les critiques de S.M. manquent peut-être de piquant pour une époque qui vit pour le sensationnel.

On a envie de dire qu'il reste Robin Givhan et Godfrey Deeny mais pour moi une femme qui ose dire que Karl est "surrestimé" perd toute crédibilité et travailler dans un journal francais implique de travailler dans un journal politisé et donc un manque cruel d'objectivité...

Donc, Cathy irremplacable? Oui!
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Lise (TDM)Il y a 10 ans
Je n'ai pas toujours été d'accord avec elle, mais ses textes ne m'ont jamais laissé indifférente...
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handMODEIl y a 10 ans
Est-ce que l'objectivité journalistique mode se réduit à ce point autour de 2 personnes? Personne pour prendre la relève? C'est inquiétant? Mais oui Lise, tu fait bien partie de cette frange indépendante! Tu as ressenti de l'influence (même inconsciente) en écrivant tes articles?
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Lise (TDM)Il y a 10 ans
Lorsque l'on a la chance de ne pas dépendre des annonceurs comme sur TDM on est forcément plus libre :)

Que veux-tu dire sinon par influence ?
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handMODEIl y a 10 ans
par exemple un sujet dont toute la sphère mode parle et toi tu t'es sentie "obligée" d'en parler alors que tu n'en n'avais pas spécialement envie...
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Lise (TDM)Il y a 10 ans
Je ne pense pas, de manière générale je ne traite que ce qui m'inspire :)
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lise38Il y a 10 ans
un signe du destin pour que tu prennes sa place?? :D
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Lise (TDM)Il y a 10 ans
Je pense être encore loin d'avoir les qualités requises ;)
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SpunkyIl y a 10 ans
C'est un sale temps pour les amateurs de critiques de mode. Cathy Horyn avait une culture dense et une plume fantastique. Son intégrité est à saluer. Cette nouvelle m'a déçue.
Elle est irremplaçable, à ce niveau, c'est vraiment rare. Connaissance, talent, expérience et maturité. Ok, Alaïa était son chouchou, mais c'est une "faute" de très bon goût.
J'espère qu'elle reviendra vite.
Je suis davantage le genre à dévorer les livres de Valérie Steele que les blogueurs mode (hormis celui-ci) donc, le point de vue -même acerbe- de ces critiques est une aubaine. Elles n'hésitent pas à aller au delà de la mode dans leurs textes, parce que la mode dépasse de loin le simple fait de se vêtir.
Je trouve déjà que le départ de Virginie Mouzat de la rédaction du Figaro crée un vide.
Et je m'interroge sur les raisons du départ "brutal" d'Alexandra Senes du HB...
Il reste B.O.F et le blog de l'IFM.
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Lise (TDM)Il y a 10 ans
Cela commence à faire beaucoup de départs regrettables...
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seul et fabuleux ! Il y a 10 ans
Critiquer le vogue d'Anna Wintour et être toujours vivante... Chapeau ! ;)
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