Si l'on en croit Christophe Decarnin, celles qui choisirent récemment de mettre au rebut leurs jeans déchirés et autres tee-shirts lacérés ont eu tout faux. Pour l'été 2011, Balmain célèbre en effet un hypothétique retour du grunge de luxe, à grand renfort de shorts en denim effrangé, de coton loose déchiqueté et de perfectos s'amourachant d'une flopée d'épingles à nourrice...
Oui mais voilà, cette collection arrive soit trop tôt, soit trop tard : alors que la mode est depuis quelques saisons en train de passer à autre chose, le règne du destroyed glitter est quant à lui bien trop frais dans les mémoires pour que l'on se sente prête à s'y replonger.
Par ailleurs, si cette collection semble à première vue susceptible de plaire aux filles de la trempe de Freja Beha, un intense sentiment de déjà vu vient très vite la parasiter... Comment Emmanuelle Alt - consultante chez Balmain et Isabel Marant - peut-elle se permettre d'injecter aux deux griffes les mêmes gimmicks stylistiques, les privant dès lors de toute unicité ?
Au fil des passages, on retrouve ainsi bon nombre des silhouettes qui firent le succès du dernier défilé Isabel Marant : escarpins décolletés, slim 7/8 rouge, dégaine rockabilly et mini perfecto riment en effet dangereusement avec le vestiaire de la créatrice parisienne (voir ici et là).
Autrement dit, prenez la fille Marant de l'automne/hiver 2010, faites-la twister sur un air des sex pistols et vous obtiendrez sans trop difficulté la Balmain's girl up-to-date. Seule différence notable : chez Balmain, les détails DIY sont légions...
Sur le podium, les épingles à nourrices fleurissent en effet de toute part, tandis que le tie&dye a la part belle et que les tee-shirts se parent de graffitis home made. Décidément, il n'a jamais été aussi simple de se fabriquer des pièces Balmain à moindre prix...
Du coup, entre les addicts du DIY (qui auront tôt fait de reproduire les pièces punkisantes des ateliers de la maison française), les recessionistas (qui se contenteront d'accessoiriser leurs pièces Marant en mode Balmain) et les demoiselles définitivement revenues des tee-shirts déchirés à 1000 euros pièce, on ne peut que douter du succès commercial du nouvel opus de Christophe Decarnin...
Enfin, lorsque dans la même journée Nicolas Ghesquière prouve chez Balenciaga que le style punk peut encore aujourd'hui s'avérer pertinent (à condition bien sûr de prendre la peine de lui insuffler un minimum d'âme), le manque de créativité de Decarnin devient particulièrement flagrant. Il est grand temps que le duo Decarnin/Alt passe la main...
Par Lise Huret, le 01 octobre 2010
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