Que ce soient les escarpins cuir et shearling de Michel Perry, les croquenots Azzedine Alaïa alliant dentelle et semelles crantées ou encore les compensées Louboutin mêlant corde et tweed, l'humeur des chausseurs est actuellement au mélange des matières. Tels des patchworks inattendus, des puzzles inédits, les souliers se font ainsi mutants. Or, si l'on assiste la plupart du temps à des mariages heureux, les pièces ayant reçu l'assentiment de Karl Lagerfeld - que ce soit pour Chanel ou Fendi - nous laissent perplexes...
Il faut dire qu'en plébiscitant des bottes et bottines aux protections en PVC, le Kaiser semble avoir davantage pensé aux conséquences de la fonte des glaces qu'à l'allure de ses clientes. Une chose est sûre : ainsi protégées (par une sorte de chausson en plastique chez Chanel ou par un patch en caoutchouc chez Fendi), les propriétaires de ces bottines auront les pieds au sec, qu'il neige ou qu'il vente...
Cela dit, si les modèles de la rue Cambon pourront éventuellement s'imposer comme une alternative chic aux bottes de pluie, on reste davantage dubitatif face aux bottines Fendi. Reprenant le gimmick des Bensimons, ces dernières arborent en effet une dégaine légèrement régressive, tenant plus du gadget que du génie ergonomique.
Il est vrai que si la saison automne/hiver 2010-2011 prône un retour à l'utilitaire en faisant la part belle aux pièces pragmatiques, cela ne signifie pas pour autant qu'il faille se risquer à des mélanges incongrus - entre luxe et détails pseudo sporty - dans le seul but de flirter avec l'air du temps. Or, c'est précisément cette impression de trendiness facile et gratuite qui se dégage du thème "caoutchouc" de chez Fendi...
On reste donc sceptique face aux bottines bicolores mettant fièrement en avant leurs semelles et renforts contrastés ou encore face aux sandales en satin s'acoquinant de caoutchouc macadam. Finalement, seules les bottines monochromes - choisies en noir réglisse ou en cuir d'autruche - auront une chance de trouver leur place dans une garde-robe parfaitement pensée, qui saura contrebalancer leur incongruité...
Par Lise Huret, le 20 juillet 2010
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