Les escarpins, le retour

Lors du dernier show d'Olivier Theyskens pour Nina Ricci, les souliers atteignirent le summum de l'extravagance, en défiant à la fois gravité et normes esthétiques. Frôlant désormais l'importable, ce genre de fantaisies shoesesque devait tôt ou tard générer chez les femmes une réaction de rejet, les poussant à revenir vers le simple, intemporel et élégant escarpin...

Ces dernières semaines, patins ciselés, talons sculptés, sandales arty et boots mutantes furent de tous les défilés. Du coup, les santiags rockabilly d'Alexander Wang, les bottines finement lacées de chez Givenchy ou encore les ankle boots perlées Louis Vuitton deviennent plus que jamais le signe de ralliement entre rédactrices de mode hype et fashionistas à la pointe de la tendance...

Ceci dit, face à une telle surenchère (visant à repousser constamment les limites ergonomiques de nos souliers), certains ont commencé à battre en retraite, préférant revenir vers un modèle ayant fait ses preuves : l'escarpin.

Ainsi, lors du défilé automne/hiver 2009-2010 de Dries Van Noten, on avait pu constater qu'un simple escarpin de cuir au talon finement travaillé avait plus de grâce et d'allure que la plupart des derniers best-sellers en matière de chaussures créateurs. Mettant à l'honneur des volumes classiques emprunt d'élégance nonchalante, cette collection fit mouche, permettant aux femmes de renouer sans complexe avec une vision de la mode davantage axée sur le style que sur l'appropriation des dernières tendances. Affranchies des néo diktats ayant fait des sandales alambiquées le laissez-passer hype du moment, les femmes férues de simplicité efficace peuvent donc enfin chausser leurs escarpins fétiches. Alors que jusqu'ici rien n'était plus en vogue que d'arborer sangles, studs et patins démesurés, la cambrure d'un pied blanc redevient ainsi signe de bon goût.

Du coup, aidés par la récession et la nouvelle frilosité des consommatrices face à des paires de souliers dont le design marqué ne leur permettra pas de survivre plus de 6 mois, les modèles classiques signent leur grand retour.

Attention cependant : cela ne veut pas dire pour autant que les Erin Wasson d'hier vont se muer en une armée de secrétaires strictes. En 2009, les escarpins n'ont en effet pas vocation à transformer les modeuses en petites choses ringardes, bien au contraire : alliés à quelques looks tendance, ils formeront un ensemble pertinent, plus chic que trendy et pile dans l'humeur actuelle. Pour les sublimer, on note qu'il sera pertinent de les porter avec des pantalons 7/8 qui dévoileront la cheville (entre skinny, bas de costume, carrot pant ou encore treillis, tout est permis, à condition de faire sobre sur le haut). Par ailleurs, ils permettront au jean boyfriend de perdurer encore quelque temps dans nos dressings.

Et si lors des derniers défilés printemps/été 2010 on a pu constater une percée des kitten heels, on préfère pour l'instant opter pour des escarpins haut perchés, ces derniers flattant toutes les silhouettes...