Pourtant, la jeune femme n'a rien de l'allure d'une fashionista, ni du mystère d'un Karl Lagerfeld, ni de la folie d'un Gaultier. À première vue, on pourrait même la considérer comme banale… Lourde erreur d'appréciation, car derrière cette silhouette douillette se cache une femme de caractère, inventive et intuitive. À sa manière, on peut dire qu'Anne Valérie Hash a mis à jour une nouvelle facette de la Haute Couture française, à savoir une couture conceptuelle (mais portable), raffinée et androgyne.
Si son nom éclot sur les podiums en 2001, son histoire commence bien avant… La petite Anne Valérie, d'aussi loin que sa mère s'en souvienne, a toujours été une fillette coquette. Très vite, elle choisit elle-même ses tenues et assume de porter des talons au collège, même si cela lui vaudra d'être renvoyée d'un cours… À vrai dire, Anne Valérie a furieusement envie de sauter les étapes et de se vêtir comme une vraie dame !
Par ailleurs, en dépit d'un coup de crayon qu'elle juge médiocre, elle ne cesse de gribouiller les tenues de ses rêves dans de multiples petits cahiers. Cet amour du vêtement va l'amener, une fois le bac en poche, à choisir des études de stylisme modélisme à l'école Duperré. Cependant, pour cette jeune fille peu sûre d'elle, les cours qui y sont dispensés ne sont pas assez cadrés. Elle s'en va donc au bout d'un an, et intègre l'école de la Chambre syndicale de la Couture Parisienne. Elle y retrouve la rigueur et l'enseignement technique qu'elle espérait et en sort diplômée trois ans plus tard.
Si la jeune femme y a acquis de nombreuses connaissances, cela ne suffit pas à lui donner de l'assurance. En effet, issue d'un milieu modeste, Anne Valérie a du mal à trouver sa place au sein d'une époque célébrant les personnalités fortes et extravagantes, comme Mugler ou Montana. Elle décide donc de prendre le large et s'envole pour les USA. Elle y restera un an et y peaufinera son anglais, en suivant de nombreux cours en auditeur libre (sociologie, histoire de l'art...).
De retour en France, elle enchaîne les petits boulots typiques d'une jeune diplômée en stylisme. Chanel, Dior ou encore Nina Ricci voient ainsi passer Anne Valérie dans leurs ateliers. Cependant, l'entourage de cette dernière - qui sent bien avant elle son potentiel - l'encourage vivement à se lancer en solo. Elle hésite, persuadée qu'elle ne trouvera pas de concept fort…
Il faut attendre l'an 2000 pour que le déclic ait lieu. En créant un carré de tissu aimanté aux extrémités, Anne Valérie Hash prend conscience du pouvoir esthétique de la déconstruction, de l'usage insolite des coupes pour sublimer le corps féminin (le bout de tissu deviendra le carré Hash). En 2001, n'ayant plus froid aux yeux, Anne Valérie Hash propose sa première collection Haute Couture.
Alors que le milieu est alors habitué à une couture soit complètement azimutée, soit traditionnellement chic, le travail de la petite nouvelle - basé sur le détournement de vêtements masculins - créé la surprise. Les rédactrices de mode tombent en pâmoison devant une robe cousue dans un pantalon (qui deviendra un classique de la maison), détectent dans l'univers de la jeune femme les prémices d'un talent à suivre et font d'Anne Valérie Hash l'événement de la saison.
Bénie par ses pairs, la styliste se sent confortée dans son idée de déconstruction et s'y plonge entièrement. Sa matière première ? Un vestiaire masculin composé de pantalons à pinces, de blazers et de chemises blanches qu'elle découpe, les mettant à plat afin de pouvoir les traiter comme des tissus. Par ailleurs, ayant une technique irréprochable, elle zappe l'étape croquis et moule directement ses modèles sur un mannequin. Le résultat est déstructuré à souhait, à la fois sensuel et androgyne.
N'étant plus à une originalité près, la créatrice déniche sa muse non pas parmi les jeunes filles en vogue du moment, mais en se promenant place du marché Saint Honoré. Elle y croise une fillette de 10 ans ultra charismatique, Lou Lisa Lesage, qui va devenir son mannequin cabine et sa source d'inspiration. Les créations d'Anne Valérie Hash sont alors conçues sur un corps d'enfant, puis "agrandies" par son équipe de modélistes. Cela a pour effet de conférer une certaine fragilité à celle qui les revêt, comme si cette dernière s'était égarée dans la garde-robe de ses parents...
En 2003, le monde de la mode reconnaît son talent en lui décernant l'ANDAM Award, un prix prestigieux visant à récompenser les jeunes talents prometteurs. Au fil du temps, le style d'Anne Valérie Hash s'affûte, le tailoring est maîtrisé afin de mieux épouser des atours délicats d'inspiration lingerie. Le mix approche alors l'état de grâce : on y sent la maturité d'une jeune femme ayant osé s'écarter de la déconstruction forte de ses débuts, afin d'alléger son discours et de le rendre ainsi plus désirable aux yeux des femmes.
Côté vie privée, la styliste s'épanouit. Maman de deux enfants, cette épouse de négociant en viande assouvit sa passion tout en conservant les pieds sur terre. Par ailleurs, l'agrandissement de la famille Hash a donné des envies à Anne Valérie… D'où la naissance en 2007 d'une toute nouvelle ligne - dénommée "Mademoiselle" - qui permet à la créatrice de transposer son univers au sein de celui de l'enfance.
Voilà désormais plus de sept années qu'Anne Valérie Hash est apparue sur la scène mode. Depuis, ses créations ont dépassé les frontières, séduisant les acheteurs de plus d'une centaine de points de vente, ainsi que des actrices telles que Nicole Kidman ou Cate Blanchett…
Par Lise Huret, le 21 août 2008
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Je ne connaissais que de nom mais je n'en avais jamais entendu parler !
Elle me fait penser a la mere et la fille Rykiel ... Why not ?
Quant a ses collections (on juge un artiste pour ce qu'il fait et non pour ce qu'il est) je les trouve sublimes dans le sens ou elles se démarquent bien des autres et c'est ca la mode ...