Les journaux nationaux s'en sont donnés à coeur joie, crucifiant celle qui hier encore faisait figure d'icône. En effet, il aura suffi d'un tour de podium lors de la fashion week de São Paulo pour que le ciel se déchaîne sur Karolina Kurkova.
La sculpturale et sémillante beauté blonde aurait-elle été surprise en train de sniffer un rail de cocaïne, de lancer un cendrier à la tête d'une habilleuse ou de promouvoir une sex tape ? De telles suppositions - aussi scabreuses soient-elles - n'étaient à priori pas à écarter, tant le courroux brésilien semblait être à son paroxysme… Cependant, elles sont toutes à des années lumières du sujet ayant déclenché la cabale.
Pourtant, la substance illicite ayant soulevé l'indignation de la presse n'est pas en vente sur le marché des stupéfiants. D'ailleurs, elle est même distribuée gracieusement à 95% des femmes : on la nomme "cellulite". Tel est le péché impardonnable de la candide top de 24 ans, qui croyait pouvoir afficher un petit excès de capitons sans égratigner son image. Lourde erreur : si les modèles sont souvent portés aux nues, leur statut n'a rien d'immuable et il suffit qu'un minime défaut vienne égratigner leur perfection pour que les vautours s'en repaissent avec volupté.
En "représailles", les quotidiens n'hésitèrent pas à en faire leurs gros titres : "Karolina Kurkova is fat". Certes, la jeune femme afficha lors de cette fashion week des courbes plus généreuses que d'habitude, mais de là à la considérer comme étant une personne en surpoids, il y a un monde.
Ce mini séisme soulève encore une fois la nature bipolaire du monde de la mode, d'autant plus quand ce genre d'accidents se déroule dans un pays luttant ouvertement contre l'anorexie des mannequins. En effet, alors que d'un côté, moult manifestes sont édités afin de mettre en garde les jeunes modèles contre les risques du métier, de l'autre on relègue au banc des accusés une top model à la fesse un rien tombante…
Cependant, il serait hypocrite de nier le fait que le nouveau corps de Karolina Kurkova est beaucoup moins vendeur que sa précédente plastique. Par ailleurs, mannequin étant une profession à part entière, il est peut-être normal de ne pas tolérer que la prestation pour laquelle on a payé ne soit pas à la hauteur de ce que prévoyait le contrat. Tout comme on ne tolérerait pas que le pâtissier nous livre une tarte au citron alors que nous avions commandé une charlotte aux fraises…
Par Lise Huret, le 26 juin 2008
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