Après avoir passé quelques années au coeur de ce milieu, Michel Perry constate que la chaussure est devenue le "parent pauvre de la mode", et décide d'y remédier en lançant sa propre marque en 1987. Ses souliers sont créés comme autant de pièces uniques, chacun racontant sa propre histoire. La qualité irréprochable de ces derniers, allié à leur design étonnant, ne tarde pas à faire des émules auprès des modeuses. Michel Perry devient le chausseur attitré des fashionistas pointues, qui tombent en émoi devant la perfection baroque des escarpins de ce nouveau venu.
Michel Perry connaît alors une ascension fulgurante : il ouvre une boutique rue de Turbigo, puis rue des Saints Pères, et en très peu de temps il intègre le cercle très fermé des chausseurs parisiens. Un tel succès à à peine trente ans grise le créateur : il est alors de toutes les soirées, de toutes les folies et enchaîne les excès. En 1998, Michel Perry décide de faire le point et de se recentrer sur l'essentiel.
C'est ainsi qu'en 2000 il intègre les Beaux-Arts, afin de finir ce qu'il avait entrepris des années auparavant. La même année, il fait l'acquisition du château de Voulnay en Bourgogne, avec pour objectif d'en faire un lieu de rencontre autour de son oeuvre, composée tant de ses peintures que des ses souliers. Il aimerait qu'à Voulnay les gens se plongent dans son univers, dégustent une certaine cuisine et écoutent tel ou tel groupe underground, le tout dans un écrin cossu, afin de percevoir sa conception de l'art. En 2003, en parallèle de sa propre griffe, il reprend les rennes de Weston (alors en perte de vitesse) et parvient avec le génie qui est le sien à redorer le blason de la marque. Il y gagne de l'assurance et un certain apaisement.
En dépit de plus de vingt années dans le métier, Michel Perry évoque toujours les mêmes influences quand on lui parle d'inspiration : le rock des années 60, le mouvement punk, mais aussi la couture très couture, haut de gamme, raffinée, luxueuse, élitiste… et surtout leurs mélanges. S'il se sent proche du XVIIIe siècle, de l'esprit boudoir, de ses détails un peu frivoles et du libertinage qui en découle, il est également extrêmement curieux et gourmand de ce qui se passe sur la scène artistique contemporaine, et s'en laisse imprégner lors de la création de ses modèles.
Cependant, l'homme est un personnage de contrastes, et n'aime jamais mieux l'art contemporain que dans une cimaise ancienne riche d'histoire. Pour lui, le nouveau a fondamentalement besoin de la patine de l'ancien, et c'est ainsi qu'il agence son univers. On retrouve ainsi du rock avant-gardiste à Voulnay, et des sandales futuristes dans son boudoir du 243 rue Saint Honoré…
Entre rock and roll, excellence et séduction, à 56 ans (et plus jeune que jamais) Michel Perry n'est pas prêt de déserter nos fantasmes haut perchés…
Par Lise Huret, le 06 mai 2008
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