Mais s'il excelle dans les matières artistiques, Zac souffre de dyslexie, ce qui le tient à l'écart des A et des félicitations du jury. Néanmoins, cette difficulté à lire va le rapprocher d'une camarade de classe, Lola Schnabel (fille du célèbre peintre Julian Schnabel), qui est également dyslexique. Les deux deviennent des amis très proches, et à 15 ans, Zac dessine une robe pour la petite soeur de Lola. Celle-ci sera photographiée lors de la soirée à laquelle elle assiste, et la robe aura son heure de gloire.
À la même époque, il entre en stage à la Costume Institute of the Metropolitan Museum of Art de New York, ce qui lui permet d'approcher de près le travail de Madeleine Vionnet dont il découvre avec émerveillement les drapés antiques et l'utilisation du biais pour mettre en valeur les courbes d'une femme. Cela le marquera à vie et ressortira plus tard dans ses créations. Il suit également des cours du soir à la Parson School, puis entre chez la styliste Nicole Miller. La première pièce qu'il dessine dans le studio de Miller est sélectionnée pour faire partie de la collection…
En 1999, il obtient un poste d'assistant chez Tocca, une jeune griffe US prometteuse, il n'a alors que 19 ans… À ce moment deux choix s'offrent à lui : il peut intégrer l'université ou s'envoler vers Londres et la Saint Martins School. Il opte pour Londres, et si Sainte Anne était réputée pour laisser libre cours à l'inspiration de ses élèves, ce n'est rien à côté de la Saint Martins School, dont le mot d'ordre est de développer à tout prix l'univers personnel de ses étudiants. Il était plus que prévisible que le jeune Zac y trouve sa terre d'accueil et s'y épanouisse au-delà de toute espérance.
Néanmoins, la vie à Londres coûte cher et tout étudiant se doit de posséder un job substantiel. Pour Zac, hors de question de postuler en tant que pizzaïolo alors qu'il a de l'or entre les doigts, c'est pourquoi il propose de créer des robes à la demande. Ses clientes sont subjuguées par le talent de ce tout jeune styliste, et son nom commence à circuler sur les lèvres du Tout-Londres.
Puis ce qui devait arriver arriva : l'une des ses créations fut aperçue sur une jeune actrice - Paz de la Huerta - et une journaliste en fit l'éloge, la décrivant comme une toilette toute droite sortie d'une oeuvre de Toulouse Lautrec, et digne d'être la robe de l'année. Cet article dans le "Fashion of the Times" décrivait également les réactions d'enthousiasme et d'envie que suscitait chacune des robes de Zac Posen. Cette parution presse, qui coïncida avec l'exposition au Victoria and Albert Museum d'une de ses créations, ne fit que décupler l'importance du "buzz" Posen.
Cependant, pour des raisons financières, le jeune styliste doit retourner aux USA, et s'installe chez ses parents. En 2001, il crée sa propre marque et monte sa société, Outspoken, qui sera dirigée par sa mère. En 2002, à 21 ans, il propose son premier défilé, ses silhouettes ultra féminines séduisent la sphère mode et la presse ne tarit pas d'éloges à son sujet.
Néanmoins, si le talent du jeune homme y est pour beaucoup dans cette ascension fulgurante vers la gloire, les contacts jet set qu'il possède depuis son adolescence grâce à ses parents et à Lola Schnabel n'y sont pas étrangers. Très vite, et bien avant d'avoir pignon sur rue, Zac Posen a eu la possibilité de faire porter ses robes de princesses à des jeunes filles en vue qui lui ont offert un peu de leur aura et beaucoup de visibilité. Natalie Portman, en arborant en mai 2001 une création Zac Posen lors de la première de Star Wars, a ainsi plus que boosté la carrière du designer. La jeune femme est dans le même temps devenue sa muse et depuis fut souvent aperçue à son bras. Elle déclara que les toilettes de Zac Posen savaient être élégantes et classiques, tout en s'adressant à la jeune génération. En septembre 2002, il défile lors de la fashion week, alors que stars et acheteurs emplissent la salle. Ses créations non datées, s'inspirant à la fois d'Yves Saint Laurent et de Vionnet et se déclinant en parures de sirènes et fourreaux glamour sont aussitôt réservés par les acheteurs de Bloomingdale, ce qui équivaut pour un aussi jeune designer à un adoubement des plus hautes instances de la mode. Il est alors définitivement lancé. Son style, entre modernité, luxe et classicisme envoûte la jet-set, ainsi que les Américaines. Ses robes deviennent la friandise des rédactrices de mode, la nécessité des fashionistas et le point d'orgue des défilés new-yorkais. D'ailleurs, les femmes ne sont les seules à succomber aux charmes des toilettes de Zac Posen : lui-même les essaie, afin de savoir comment l'on se sent à l'intérieur. En 2004, il fait ses premiers pas dans le sportswear, en offrant lors des shows automne/hiver sa collection la plus aboutie qui sera également reconnue par les critiques comme étant la meilleure de la saison toutes griffes confondues. Il obtient même le CFDA du meilleur designer.
La même année, Zac Posen trouve en la personne de Puff Daddy l'investisseur rêvé, ce dernier prenant part à 50% dans Outspoken, et offrant à Zac la possibilité de bénéficier de son réseau de distribution (le chanteur possédant sa propre marque). La société Outspoken acquiert alors une dimension différente : Zac Posen dessine une Édition Limitée pour 7 For All Mankind, tandis que les acheteurs des grandes chaînes de luxe - Saks Fifth Avenue, Nieman Marcus ou encore Bloomingdale's ? s'arrachent les collections Posen.
En 2005, Cartier s'associe à la griffe, Naomi Campbell défile, Anna Wintour contemple et Zac Posen s'envole. Son show entre Masaï et pop art a transformé l'essai : celui qui aurait pu n'être qu'une étoile filante s'avère avoir la carrure nécessaire pour succéder à un Ralph Lauren ou une Donna Karan. Son talent est plus que confirmé, tandis que ses robes de sirènes ont cédé la place à un vestiaire toujours plus mûr et éclairé. De saison en saison, Posen se refuse aux tendances et conjugue l'élégance version jeunesse dorée...
Par Lise Huret, le 12 novembre 2007
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