C'est au sein de l'Italie de Mussolini que naquit le créateur, en novembre 1940. La guerre est omniprésente, et son père, mineur, est assassiné par les nazis alors que Roberto n'a que 3 ans. La veuve Cavalli doit donc élever ses enfants seule, et le jeune garçon portera longtemps les stigmates de ce deuil précoce : il ne parlera pas jusqu'à ses 15 ans.
Cependant, il évolue dans un univers riche et stimulant, composé de bohémiens artistes, tels que son grand-père qui n'est autre que Giuseppe Rossi, célèbre peintre du mouvement toscan Macchiaioli. C'est donc tout naturellement qu'il choisit d'étudier à l'Académie d'Art de Florence, et très vite, il s'intéresse à la relation possible entre Art et Mode.
Au début des années 60, il fonde sa société éponyme à Florence, qui se spécialise dans les imprimés sur tee-shirts et tricots. C'est ainsi que Roberto commence à gagner sa vie. Comme les grandes entreprises italiennes de bonneterie s'intéressent à son travail, il décide de déposer un brevet pour une technique d'impression sur cuir révolutionnaire, qui sera plus tard beaucoup utilisée par l'industrie textile.
C'est en 1970 que la vie et la carrière de Cavalli prennent un tournant décisif. Cette année-là, il présente sa première collection à Paris, et toute la jet-set adopte immédiatement cette mode novatrice, tapageuse et festive. Ses créations en patchwork de diverses matières attirent l'attention de Pierre Cardin et Hermès, et ses jeans imprimés ou incrustés de cuir et de brocard font la notoriété du styliste. Celui-ci reçoit le soutien sans réserve de Sophia Loren et de Brigitte Bardot, qui le plébiscite en portant ses créations sur le port tropézien.
C'est d'ailleurs à Saint-Tropez, en 1972, que Cavalli ouvre sa première boutique. Celle-ci devient le lieu de rassemblement de tous les VIP branchés, et notre créateur habille les stars des milieux musicaux rock et hip-hop. Il est le premier à oser associer le cuir et le jean, symboles de deux classes sociales radicalement opposées, et ce mélange des genres devient le must-have de toute une génération.
Son talent s'impose comme une évidence, d'abord en Italie, puis dans le monde entier. Grâce à sa nouvelle renommée, il est sollicité pour participer à de nombreux événements, et c'est lui qui décerne le prix de Miss Univers, en 1972. C'est ainsi qu'il tombera sous le charme de sa future femme, Eva Düringer, alias Miss Autriche. Celle-ci deviendra son bras droit dans ses ateliers de création.
L'amour ayant frappé à sa porte, il décide de se consacrer à sa famille pendant quelques années, et entre 1977 et 1994, sa présence dans la fashion sphère s'atténue considérablement, d'autant plus qu'un concurrent de taille sollicite la même clientèle que lui, aimant l'extravagance luxueuse et les excès glamour : Versace.
Mais Cavalli n'a pas dit son dernier mot, et il revient sur le devant de la scène en 1994, en présentant à Milan une nouvelle collection plus révolutionnaire que jamais, où les premiers jeans stretch font leur apparition, imprimés et vieillis. On y découvre aussi des vestes en cuir serties de cristal, adoptées immédiatement par Madonna et Kate Moss.
Cette même année, Cavalli ouvre son premier store monomarque à Saint Barthélémy. Suivront ensuite les magasins de Saint-Tropez, Venise, Paris et New York, qui accueilleront en leur sein de nouvelles lignes telles que « Freedom », destinée à un usage quotidien, ou encore le prêt-à-porter masculin, les accessoires et la lingerie. Cavalli s'adressera aussi aux enfants avec « Roberto Cavalli Angels », et à une clientèle plus jeune et modeste avec « Just Cavalli ». Il accorde également de nombreuses licences, et en 2002, il signe son premier parfum : « Roberto Cavalli for Woman ».
Rien ne l'arrête plus désormais, et fort de son empire, il peut se permettre de réaliser de vieux rêves. En 1999, il ouvre un restaurant : « Just Cavalli », qui sera le premier d'une longue série. C'est ainsi qu'en 2002, élu créateur de l'année par le Fashion Group International, il profite de cet élan de notoriété pour racheter et restaurer le célèbre Caffé Giacosa de Florence. Il ouvrira également un Just Cavalli Café et un Just Cavalli Club à Milan, univers extravagants de luxe et de fantaisie.
Cette grande liberté d'action lui permet également de faire fi du « qu'en-dira-t-on », en proposant un contrat à Kate Moss après son épisode junkie, ou en choisissant la princesse Béatrice, beauté atypique, comme égérie de Just Cavalli. Malheureusement, elle donna aussi lieu à des extravagances malencontreuses, telles que le lancement en 2009 d'une ligne vestimentaire pour chiens…
Roberto Cavalli reste malgré tout le chouchou de nos VIP, grâce à son style « ghetto de luxe », qui au fil des années, s'affine et se laisse imprégner par d'autres influences. Ses créations ont gagné en fraîcheur et en subtilité, tout en conservant le chic extravagant qui a fait leur renommée.
Par Lise Huret, le 28 mars 2007
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