Né le 5 juillet 1946 à Nottingham, Paul Smith rêve de faire carrière dans le cyclisme. Il passe le plus clair de son temps sur son vélo, mais un beau jour, alors que le jeune homme n'a que 17 ans, il fait une grave chute sur les routes, et se retrouve cloué plusieurs mois à l'hôpital. Désormais, il doit faire une croix sur ses ambitions, et reconsidère son avenir.
Il entame alors des études de management et prend un emploi pour les financer. Il sera coursier dans un entrepôt de vêtements sportswear, et c'est cette expérience qui réveille en lui un intérêt nouveau pour l'univers de la mode.
Quelques années plus tard, le voici donc à la tête d'une petite boutique, au 10 Byard Lane de sa ville natale, où il vend des pièces créateurs qu'il choisit selon ses goûts. Il en profite pour glisser sur les portants quelques vêtements de sa composition, qu'il confectionne tout simplement pour avoir les habits dont il a envie, mais qu'il ne trouve pas sur le marché. Soucieux de développer ses connaissances textiles, il suit des cours du soir à l'école polytechnique de Nottingham, et se fait aider de sa femme Pauline Denyer, diplômée en mode du Royal College of Art.
À l'instinct, il s'avère un homme d'affaires avisé, et en quelques années, la boutique acquiert une notoriété locale. En 1976, le designer présente à Paris sa première collection pour hommes. Le style Paul Smith est une véritable petite révolution dans l'univers fashion, savoureux mélange de tradition british et d'excentricité ludique. Les tissus à rayures colorées qu'affectionne le styliste deviennent l'emblème de la marque, et le symbole de l'avant-garde des années 80.
Fort de ce succès, le créateur part à la conquête de la capitale anglaise : il y installe ses nouveaux ateliers, et ouvre en 1979 sa première boutique londonienne. Le succès est tel, qu'il pousse Paul Smith à s'exporter : New York accueille un flagship de la marque en 1987, de même que Paris et Tokyo en 1993.
Le génie de notre créateur fut d'introduire des imprimés audacieux, voire irrévérencieux, que la mode masculine ne connaît pas encore. Il joue avec le kitsch anglais, dans un esprit léger qui ose l'inimaginable. Et le pari fonctionne : les critiques se pâment devant un costume rose bubble-gum assorti d'un cardigan mandarine et de derbys rouges.
Les codes du classicisme anglais sont revisités dans une utilisation décalée, où des lacets rose fluo égayent de sages bottines un peu ternes. Smith va même jusqu'à mélanger les imprimés, comme les rayures colorées et les fleurs, et le miracle opère : l'effet rendu est fabuleux.
Peu à peu, l'univers du designer s'élargit, et la marque se voit dotée de lignes secondaires, qui s'élèvent aujourd'hui au nombre de douze. Parmi celles-ci, on compte des collections de montres, parfums, jeans, chaussures, swimwear, lingerie, et prêt-à-porter enfants, femmes et hommes, chacune déclinant la même dualité entre l'irrévérencieux et le sage. Cette mode si particulière puise son inspiration dans les objets chinés, pour lesquels Paul Smith développe une véritable passion.
Pour permettre au public de comprendre la complexité de son vestiaire, celui-ci ouvre en 2005 une « boutique de curiosités » dans Albemarle Street à Londres, où il expose les collections de babioles kitsch et d'antiquités rares qu'il a accumulé au fil des années. Tantôt beau, tantôt insolite, ce bric-à-brac est le meilleur reflet de cette mode réticente à toute appellation contrôlée.
Aujourd'hui, la place de Smith au sein du microcosme Fashion n'est plus à faire. Si les fashionistas l'adulent, les pères de la mode aussi lui ont rendu plusieurs fois hommage en lui décernant de nombreuses récompenses. C'est ainsi qu'il reçut en 1992 le prix du Royal British Designer pour service rendu à l'industrie de la mode, et en 1994 le titre de Commandeur de l'Empire Britannique, suivi en 2001 par celui de Chevalier.
Il est un des plus beaux exemples de réussite entrepreneuriale que compte la Grande-Bretagne, avec un chiffre d'affaires de près de 233 millions de livres sterling et plus de 200 boutiques à travers le monde. Son entreprise est convoitée par les plus grands groupes de luxe, et reçoit de nombreuses offres d'achat. Mais elle restera autofinancée, tenue d'une main de maître par un Paul Smith plus déterminé que jamais à conserver sa liberté de création et l'âme si particulière de ses collections...
Par Lise Huret, le 01 février 2007
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Ma styliste personnel ( comprenez la vendeuse qui me ruine parcequ'elle sait ce qui me va et n'hesite pas a me faire tout esseyer ) m'as avouer , et ce avant tout le monde , que dés le primptemps prochain , Paul Smith debarquera dans la boutique ou elle travaille !
Bonne nouvelle pour moi .... mais mauvaise pour le compte en banque ! mdr