Birkenstock + chaussettes = le bon mix ?
Le ciel bleu portugais de ces derniers jours est trompeur : il fait frais, presque froid. Je ne me résous pourtant pas à ranger mes vêtements d'été, préférant superposer les tee-shirts, réchauffer mes shorts via de gros pull-overs et continuer à porter envers et contre tous mes Birkenstock pieds nus. C'est donc tout naturellement qu'hier matin - avant de partir à la messe dominicale lisboète - j'accompagnais mon duo jean boyfriend/pull en cachemire (emprunté à Julien) de mes bien-aimées Arizona…
Lisbonne, 10h. Face à la porte close de l'église, nous nous rendons compte que nous avons une fois de plus mélangé les horaires. Nous voici donc avec une heure de temps libre devant nous... Je me vois déjà humer le parfum d'un mousseux café au lait, mais les hommes ont envie d'aller arpenter le pavé. La majorité l'emporte. Nous partons donc sillonner les rues de cette capitale que j'apprécie au final assez peu. La lumière, sublime, trompe quelques minutes les terminaisons nerveuses de mes orteils. La réalité réfrigérante reprend néanmoins rapidement ses droits et finit par les transformer en mini Mr Freeze. 10h20. Probablement guidés par les divinités de la mode (alliées pour la circonstance à celles de la préservation de l'intégrité des extrémités du corps humain), nos pas nous mènent devant la boutique COS du quartier. Je jette un regard suppliant vers Julien. Il comprend et s'assoit stoïquement sur un banc. Je saisis alors la main de Charles et pénètre dans la chaleur réconfortante de l'enseigne suédoise. Je réalise vite que l'opus saisonnier n'est pas des meilleurs. Rien n'attrape mon regard. Enfin presque rien : une paire de chaussettes rose layette ne semble pas inintéressante. La douceur qu'elle exhale parvient en effet à accélérer la décongélation de mes orteils.
Je ne réfléchis pas longtemps : je trouve ma pointure, les achète, rejoins Julien sur son banc, arrache la languette en carton qui les maintient ensemble et les enfile. Bonheur, félicité et délectation m'inondent. Soudainement gainés de moelleux, mes pieds me procurent un plaisir proche d'une première bouchée dans un croissant pur beurre tout juste sorti du four. Je baisse alors mon regard vers ce combo Birk/chaussettes que je réserve d'ordinaire à la maison et ne le trouve pas si rédhibitoire : la sensation de bien-être l'emporte sur toute autre préoccupation esthétique.
10h40. J'ai l'impression de marcher sur un nuage de laine chamallowtée. "Maman, tu as l'air toute douce..." me lance alors Charles. Je me sens effectivement entourée de douceur, mais aussi de force et d'assurance. Je me souviens alors de cette soirée d'hiver - il y a une quinzaine d'années - où, alors que j'étais frigorifiée en sortant d'une séance tardive de cinéma, Julien avait placé sa parka sur mes épaules. Bien trop grande (et donc pas très seyante), cette dernière m'avait pourtant procuré une sensation incroyable ; je pense que je ne me suis jamais sentie aussi invincible et heureuse que lovée dans la chaleur de ce manteau. Ce souvenir associé à la sensation procurée par mes toutes nouvelles chaussettes roses vient confirmer ce que je pressens depuis quelque temps : le bien-être que procurent les vêtements peut nous faire sentir bien plus sexy, forte et joyeuse que n'importe quelle pièce griffée/tendance et ainsi transcender notre allure. Mais revenons au duo Birk/chaussettes : je fais partie de celles qui conspuèrent ces sandales massives lors de leur retour sur le devant de la scène il y a une dizaine d'années, puis qui succombèrent à leur confort, avant d'en devenir totalement addict. Je les portais cependant systématiquement pieds nus, me jurant de ne jamais tomber dans la caricature du touriste mariant ses Birk' avec des chaussettes.
Peu à peu, je fis cependant quelques entorses à mes propres règles. Cela commença au retour d'une séance de surf : alors que j'étais en train d'enfiler une paire d'épaisses chaussettes, on sonna au portail. Je chaussai alors rapidement mes Arizona. Le confort du combo fut indécent… mais néanmoins intransposable à mes yeux au monde extérieur. Et pourtant, ce confort…
J'essayais de ne pas céder à la tentation en faisant tourner en boucle dans ma tête les pires illustrations de ce mix, mais les algorithmes étaient contre moi. Je ne comptais en effet plus sur mon fil Instagram le nombre de filles portant ledit duo avec panache…
L'expérience lisboète d'hier a définitivement mis fin à cette lutte psychologique. Vive les touristes allemands et leur pragmatisme confortable ! Je conserve néanmoins quelques convictions par rapport à l'usage de ce tandem en extérieur (jusqu'à quand ?). Tout d'abord, les Birk' se doivent d'être irréprochables : j'ai personnellement tendance à user les semelles sur l'extérieur et cela peut rapidement faire négligé. Les chaussettes doivent par ailleurs être infiniment confortables, et cela doit se voir : non aux modèles trop fins, visiblement usés…
Une fois ces quelques points respectés, le champ des possibles apparaît quasiment infini :
+ chaussettes roses
Arizona marron + chaussettes orange
Arizona caramel + chaussettes bleues
Arizona kaki + chaussettes cerise
Par Lise Huret, le 08 novembre 2021
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