Wanted : une longue robe nuisette

En fonction de notre background culturel, de notre enfance, de nos lectures et de nos goûts musicaux, nous portons tous un regard différent sur les vêtements croisant notre route. Ainsi, là où le commun des mortels ne verra qu'un simple blazer noisette légèrement trop grand, j'y percevrai pour ma part l'ombre de mon père, celles des gangsters chicagoans et de mon ex-voisin ancien libraire à la retraite. En enfilant cette veste, j'injecterai alors à ma tenue un peu de leur masculinité, de leur chaleur, de leur mystère. De même, telle blouse noire col officier ne me séduira pas uniquement pour son délicat voile de coton, mais aussi pour les images qu'elle fait surgir dans mon esprit, entre la silhouette de Jane Eyre, le profil d'une élégante peinte par Toulouse-Lautrec et le look austère d'une pionnière américaine. À son contact, mes jeans gagneront ainsi en densité narrative…

Provoquant en moi le même genre de phénomène proustien, cette slip dress aperçue récemment chez Coach me donna terriblement envie de dénicher un modèle similaire susceptible de saupoudrer temporairement mon allure de flashs woodstockiens, de sensualité boudoir et de réminiscences Courtney Love.   Après avoir cherché en vain dans les boutiques vintage de la ville (parvenir à détourner un déshabillé en satin n'est guère chose aisée), j'ai fini par trouver chez Zadig & Voltaire l'objet de mes désirs. Ou tout du moins plusieurs variations autour de ce dernier.

C'est ainsi que le modèle Risty, long, imprimé et agrémenté de dentelle (voir ici et là) correspond parfaitement à l'idée que je me fais de la slip dress frileuse ne demandant qu'à se voir réchauffée à coup de gilet très épais, de blazer masculin ou de veste army. De son côté, sa version réglisse me donne envie de lui associer baskets massives et sweat zippé trop grand. La nuisette d'extérieur "Really" ne me laisse également pas indifférente. J'aime l'impression d'être face à un élément du trousseau d'une jeune fille du siècle dernier ; sans parler de la fraîcheur de son dos nu enfantin, de sa soie langoureuse et de son empiècement en dentelle rappelant celui d'une robe Céline. Je l'imagine fort bien accompagnée d'un blazer bleu marine et d'une paire de santiags basses fauve, d'un ample pull jaune pâle au profond col V et de sandales caramels à lacets ou encore d'une chemise en jean portée ouverte et les manches roulottées mariée à une multitude de fins bracelets hétéroclites.

Il ne me reste plus qu'à partir en quête d'un corner Zadig & Voltaire à Toronto et à commencer à faire des économies…