Fashion week de New York - Automne/hiver 2017-2018
Entre partis pris stylistiques, créateurs en perte de vitesse, tentatives de se réinventer et tendances émergentes, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la fashion week new-yorkaise...
L'élection de Donald Trump semble avoir réveillé la fibre militante des designers, qui furent nombreux cette saison à estampiller leurs tee-shirts/sweat-shirts de slogans célébrant des notions telles que la liberté, l'égalité ou encore le féminisme (Prabal Gurung, The Creatures of Comfort, The Row, Alice et Olivia).Si l'on en croit l'impression générale donnée par cette fashion week new-yorkaise, il semblerait que la mode se mette enfin à rationaliser sa vision de la femme idéale. Mélangeants mannequins d'âges et de morphotypes différents, les castings des défilés Michael Kors, Prabal Gurung ou encore J.Crew esquissent ce que pourrait être le paysage fashion une fois débarrassé d'une partie de ses diktats.
Rag & Bone délaissa cette saison le concept du défilé au profit d'une exposition de photos. Ainsi dépourvue du stylisme "défilé" (dont l'objectif premier est de réussir à marquer l'assistance), la collection apparut plus brute, plus authentique, plus réaliste, mais aussi moins forte (voir ici et là). On salue cependant l‘initiative visant à tenter de trouver une alternative au traditionnel défilé.
Après le fiasco de la saison dernière, Kanye West parvint cette fois-ci à trouver la bonne alchimie, entre show plus sobre, collection susceptible de se vendre (grâce à des logos bien visibles - permettant d'offrir au vêtement une certaine valeur ajoutée - et des jeans plus fédérateurs que ses joggings oversize) et offre "outwear" relativement désirable (voir ici et là).
Pour la première fois, une femme voilée défila lors de la fashion week new-yorkaise (Yeezy).
L'écharpe "manches de pull-over" vue chez Michael Kors ne manque pas de "cosy-appeal" (voir ici).
A l'heure où le sportswear a tendance à crouler sous les logos voyants et les coupes avant-gardistes (Supreme x Vuitton, Vêtements), Felipe Oliveira Baptista nous prouve qu'inventivité, portabilité et technicité peuvent s'avérer bien plus convaincants que n'importe quel buzz stylistique/marketing. On en veut pour preuve cette robe sporty aux découpes rétro nous donnant envie de porter du velours, mais aussi et surtout les pièces en cuir color-block à la saveur rétro parfaitement équilibrée (voir ici et là). Chez Delpozo, le burkini se décline en mode prêt-à-porter (voir ici, ici et là).
Après quelques années passées dans les petits papiers des acheteurs, Jack Mccollough et Lazaro Hernandez (Proenza Schouler) n'en finissent plus de décevoir. Les deux hommes ne semblent en effet plus avoir de vision claire (à supposer qu'ils n'en aient jamais eu une, ceux-ci n'ayant eu de cesse de s'inspirer de designers européens tels que Phoebe Philo et Nicolas Ghesquière), si bien que l'image de la femme PS se brouille inexorablement de saison en saison.
Chez Sies Marjan, on retiendra quelques intéressantes combinaisons de teintes, à l'instar des mix bleu fumé/lila, saumon/camel/ocre et bleu azur/acajou.
En voulant s'immerger un peu trop dans l'air du temps, Victoria Beckham perd en lisibilité et en personnalité (voir ici et là). Dommage...
S'il ne s'avéra pas aussi enthousiasmant qu'attendu, le défilé Calvin Klein se révéla néanmoins satisfaisant et prometteur, Raf Simons ayant sagement posé les bases d'une nouvelle ère pour la griffe US, entre ADN américain, ascétisme helmut langien, tailoring et références au monde de l'art contemporain. À suivre...
La maigreur extrême se vit une nouvelle fois plébiscitée sur certains shows majeurs, à l'instar de celui de Marc Jacobs (voir ici, ici et là).
Clin d'oeil à l'influence du hip-hop dans la mode, le dernier opus Marc Jacobs brasse généreusement fourrure oversize, velours et peau lainée, décline à l'envi moult gimmicks sportswear et ne fait l'impasse sur aucun détail bling bling.
Avec son allure étrange et son évidente photogénie, le bonnet melon imaginé par Stephen Jones pour le show Marc Jacobs risque de squatter bon nombre de séries mode (voir ici et là).
En regardant les silhouettes du défilé Altuzarra (et notamment celles fusionnant manteau et corset), on se dit qu'il n'est pas très judicieux de s'inspirer aussi fortement de Miuccia Prada - voir ici et là - lorsque l'on n'est pas en mesure de livrer une copie davantage enthousiasmante... A l'instar de Jack McCollough et Lazaro Hernandez (Proenza Schouler), Alexander Wang s'essouffle sérieusement. Il se répète, n'invente plus et se contente de décliner en mode premier degré l'idée qu'il se fait du style grungy/rock (voir ici, ici et là). L'âge d'or de l'ex "petit prince de la mode new-yorkaise" semble toucher à sa fin...
Nul doute qu'une fois débarrassées de leurs peaux de bêtes, de leurs bonnets haut de forme et de leurs moon boots, bon nombre de pièces de la nouvelle collection Coach (on pense notamment aux robes et jupes fleuries - voir ici, ici et là) feront le bonheur des clientes - de plus en plus nombreuses - de la griffe. Il faut dire que Stuart Vevers parvient souvent à trouver le juste milieu entre commercialité et fashion appeal. Même si parfois un peu plus de subtilité ne serait pas de refus...
Street-style
Giovanna Battaglia est l'une des rares à réussir à rendre la doudoune follement chic (voir ici).
L'orange se démocratise de plus en plus (voir ici et là).
Gucci continue de truster le vestiaire des trend-setteuses (voir ici, ici et là).
Le jean neige pourrait faire bientôt son come-back (voir ici).
Hanne Gaby Odiele et Petra Collins ont probablement attrapé une pneumonie... (voir ici et là).
Lorsque les températures se font négatives, le pull jeté sur les épaules se mue en doudoune (voir ici).
En matière de superpositions, Jenny Walton apparaît souvent bien inspirée (voir ici).
Par Lise Huret, le 17 février 2017
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