Défilé Givenchy - Printemps/été 2016
En livrant un show grandiose ouvert partiellement au public et parsemé de multiples références à ses 10 années passées chez Givenchy, Riccardo Tisci a sûrement offert à New York son plus beau et plus mémorable défilé de la saison…
Le front row
Si Julia Roberts, Kim Kardashian, Alexander Wang et Uma Thurman répondirent présents à l'invitation de Riccardo Tisci, c'est à n'en pas douter la présence de plusieurs centaines de New-Yorkais (800 places étaient disponibles sur un site créé pour l'occasion par Givenchy et la mairie de la ville), d'étudiants d'école de mode et d'habitants du quartier voisin de Tribeca que l'on retiendra.
La bande-son
Entre chants bouddhistes et Ave Maria final, la playlist du défilé se révéla à la fois multiculturelle et interreligieuse.
Le décor
En guise de cimaise, Riccardo Tisci a choisi le Pier 26, une jetée sur l'Hudson depuis laquelle on peut apercevoir la Freedom Tower. Entre tôles oxydées et palettes de bois, le décor en plein air érigé au bord du fleuve avait tout d'un bidonville. Bidonville où l'on put apercevoir outre des mannequins déambulant à la lueur du coucher de soleil new-yorkais, des artistes performeurs donnant naissance à des scènes des plus conceptuelles (voir ici, ici et là).
Les inspirations
Pour cette collection, Riccardo se replongea au coeur de ses propres archives afin de retravailler tel ou tel détail, telle ou telle coupe. Le tout avec une douceur assez inédite, toujours ponctuée de références religieuses, tribales et sportswear.
La femme Givenchy
Si par le passé la femme Givenchy a pu afficher une assurance quasi guerrière, elle se révèle ici presque fragile, vulnérable. Sur le catwalk, ses audaces esthétiques se muent par ailleurs en élégance quasi universelle, tandis que son vestiaire se recentre sur le coeur de l'ADN Tisci/Givenchy...
La collection
Travaillée essentiellement en noir et blanc, la collection reprend les gimmicks chers à Riccardo Tisci : détails sportswear et lingerie fusionnent, robes et autres blouses se taillent dans des aubes de première communiante 1900, drapés et bandes de satin nouées à la va-vite habillent épaules et corsages, asymétrie et dentelles se télescopent, tandis que les smokings masculins troquent leurs chemises à plastron contre des déshabillés sensuels (voir ici et là).
On note par ailleurs la présence de bon nombre de pièces s'inspirant des collections passées du créateur italien. Une jolie manière de raviver la mémoire du public et de célébrer un héritage qui n'a pas pris une ride. On pense notamment à la toilette haute couture gainée de plumes (version 2011, version 2016), à la tenue aux découpes moyenâgeuses et sensuelles (version 2011, version 2016) ou encore au sublime décolleté d'épaule (version 2012, version 2016).
Et si on note parmi les 88 passages quelques pièces un brin moins réussies, à l'instar de celles parées de bandelettes semi-libres (voir ici et là), de la robe en croco ou encore de la redingote revival 2007 (voir ici et là), cette collection-fleuve brille globalement par sa cohérence et sa maîtrise.
Le make up
Si la plupart des mannequins défilèrent le visage quasi dépourvu de maquillage, une petite poignée d'entre elles arborèrent des masques faciaux aux allures de parure mutante pour déesse néo-moderne (voir ici, ici, ici et là).
Ce que j'en pense
Le discours un brin naïf de Riccardo Tisci a beau me laisser de marbre, j'apprécie ses références toujours plus nombreuses à l'univers de l'art et sa démarche d'ouverture envers le grand public. En mêlant défilé et performance artistique, il a d'ailleurs rendu un bel hommage à feu Alexander McQueen. Enfin, le défi consistant à livrer un show grandiose tout en conservant une dimension humaine est à saluer.
Et si certaines tenues se firent plus commerciales que d'autres, force est de reconnaître que si le défilé avait été deux fois plus long, je l'aurais regardé avec autant de plaisir et de fascination, tant la beauté étrange qui émane du travail de Tisci se révèle envoûtante...
Voir toutes les photos : http://www.vogue.com/spring-2016-ready-to-wear/givenchy
Par Lise Huret, le 14 septembre 2015
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