Le décor :
Immaculée à l'extérieur, la tente circulaire dressée pour l'occasion au coeur du jardin du musée Rodin était tapissée à l'intérieur de pas moins 150 000 orchidées blanches.
Le front row :
Si Charlize Theron et son compagnon Sean Penn firent le bonheur des photographes, Marion Cotillard et Jennifer Lawrence honorèrent quant à elles leur statut d'égérie en faisant acte de présence.
La note d'intention :
« Ce qui m'a intéressé, c'est le processus qui fait naître une idée extrêmement moderne d'une base très historique, explique Raf Simons. Les inspirations historiques ne justifient pas en soi la collection, ni ne lui donnent tout son sens. Ce qui m'a attiré, c'est l'idée d'une construction architecturale et comment chaque époque trouve ses fondations dans une autre, comment le futur se sert du passé ; c'est une idée que je trouve fascinante. »
« J'ai commencé par me demander "qu'est-ce que la modernité ?" Je voulais partir d'un langage qui serait l'exact opposé de celui que j'ai tenu jusqu'à présent chez Dior, explique Raf Simons. C'était l'idée de confronter les différentes visions que les gens considèrent aujourd'hui comme des esthétiques modernes - il me semblait plus contemporain d'aller vers un passé lointain plutôt que de moderniser l'esprit des dernières décennies. Le défi était d'emporter une attitude contemporaine vers quelque chose de très historique, d'apporter de la simplicité et de la décontraction à quelque chose qui pourrait paraître théâtral. C'est l'attitude qui compte. »
La femme Dior :
Loin d'être une Marion Cotillard ou une Jennifer Lawrence, la femme Dior n'a pas besoin d'occasion particulière pour se glisser au sein d'une robe haute couture. Un état de fait que Raf Simons flatte au sein de cette collection en lui imaginant des toilettes affichant suffisamment de modernité, de pragmatisme et de sophistication hors de prix pour prendre place au sein de sa garde-robe de tous les jours.
La collection :
Dans un premier temps, Raf Simons cisèle avec précision les volumes 18e siècle, afin de les ancrer dans le présent. Entre longueur raccourcie, fermeture zippée, poches pratiques, corset à peine suggéré, découpe dos nageur et écussons brodés, les robes à paniers et faux cul évitent ainsi avec brio la citation premier degré en affichant une troublante modernité. Le créateur s'empare ensuite du concept de la combinaison d'astronaute, dont il tente de livrer une version couture en y apposant moult broderies. Jouxtant lesdites combinaisons, les robes à la française s'imprègnent quant à elles de détails sporty leur conférant une énergie des plus contemporaines.
Par la suite, les longs manteaux édouardiens réchauffant les Ondria Hardin, Grace Simmons et autres Larissa Marchiori oscillent entre élégance austère, chic smoking et look pelisse, tandis que les ensembles jupe courte/corsages télescopent détails techniques, gimmicks sporty et finitions 1900.
Raf Simons convoque ensuite l'esthétique Ancien Régime en réchauffant ses silhouettes carbone de redingotes en astrakan pastel, en velours bleu nuit rehaussé de jais ou en étoffes rose layette. Des modèles chargés d'histoire qui, en se mixant à des atours sobrisssimes, réussissent à composer des ensembles portables au quotidien. Le créateur ne fait par ailleurs pas l'impasse sur le patrimoine de la maison parisienne en proposant diverses vestes Bar agrémentées des grands cols cape chers à Christian Dior. Enfin, le défilé se clôture sur de délicates toilettes d'organza à la légèreté fédératrice.
Ce que j'en pense :
Contrairement à Karl Lagerfeld (qui ne parvint pas à transcender l'esthétique Marie Antoinette à l'occasion de son défilé Chanel Resort 2013), Raf Simons réussit dès les premiers passages à fusionner inspirations historiques fortes, modernité séduisante et élégance photogénique. Sous ses doigts, les robes à paniers d'antan se muent ainsi en toilettes totalement intemporelles, voire légèrement futuristes.
Malheureusement, le reste de la collection apparaît moins convaincant. Difficile en effet de s'extasier devant les pantalons cargo esprit Balenciaga 2012 (qui relèvent davantage de la digression stérile que du coup de génie couture), les longs manteaux de fourrure nouveaux riches et les redingotes brodées, étonnamment premier degré pour un créateur de la trempe de Raf Simons...
Par Lise Huret, le 08 juillet 2014
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