Pour leur défilé Resort 2011, il semble que les DA de Chanel et Dior aient eu simultanément envie de plonger leurs clientes au sein des années 60. Cependant, si chez l'un ce sont les fastes de la Riviera qui inspirent le show, chez l'autre ce sont les belles du cinéma de Godard qui mènent la danse.
Devant un parterre de quelques 500 invités s'est ainsi déroulé un défilé où se télescopèrent codes Dior, gimmick sixties et idées fixes d'un John Galliano bien résolu à ne pas verser dans les chinoiseries. Et ce en dépit d'avoir invité égéries (Charlize Theron, Marion Cotillard), PDG de LVMH et gotha de la mode en plein coeur de l'Asie...
En effet, si ladite collection s'adresse à l'évidence à une clientèle chinoise de plus en plus aisée, ce n'est pas un Dior revu et corrigé à la mode locale, mais bien une griffe fière de son patrimoine et de son histoire qui s'est donnée à voir sous l'immense tente dressée pour l'occasion.
Ce sont ainsi des mannequins filiformes aux coiffures so Brigitte Bardot qui présentèrent un vestiaire où l'esprit sixties se vit décliné à coups de pantalons capri, lunettes rondes, robes vichy pigeonnantes et paletots marinières. En outre, là où Karl Lagerfeld rendait hommage au smoking blanc de Mike Jagger, Galliano choisit quant à lui de faire un clin d'oeil à Jean Paul Belmondo en réinventant la silhouette trench/costume/fedora...
Entre prêt-à-porter et technique couture, l'esprit Dior se fit ensuite de plus en présent : les roses chères à Christian Dior émaillèrent sacs, étoffes et bijoux, tandis que l'imprimé Prince de Galles se déclinait sur des mini top Bar et que baby dolls et robes étroites s'éprenaient de quelques noeuds papillon au chic girly.
Ce fut alors au tour de John Galliano de prendre le pouvoir, en clôturant majestueusement le défilé par une série de toilettes de bal translucides et vaporeuses où organza, riches broderies et drapés de mousseline de soie célébrèrent le savoir-faire des petites mains de la maison parisienne.
Enfin, on note que ce n'est évidemment pas un hasard si Dior se tourne aujourd'hui vers l'Asie pour présenter cette collection, particulièrement propice à attirer les clientes privilégiées. LVMH a en effet compris que les années 2010 seront à la Chine ce que les sixties furent à la France, à savoir une période faste, optimiste et propice à la consommation. Dès lors, Dior se doit de chouchouter ce marché émergent s'il veut pouvoir envisager sereinement l'avenir...
Par Lise Huret, le 18 mai 2010
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