Dans un milieu plus habitué aux sages agencements de pierreries qu'aux bracelets évoquant les serres d'un aigle, l'aura quasi sauvage de ses créations détonne. Il faut dire que Pamela Love n'est pas une orfèvre comme les autres : là où certains recherchent la composition classiquement parfaite ou le clin d'oeil girly, la créatrice n'est attirée que par l'étrange, le mystique, le tribal.
Cela fera bientôt trois saisons que cette ex-styliste, musicienne et réalisatrice consacre ses journées new-yorkaises à élaborer des bijoux comme autant de mini sculptures. Après avoir touché à tout et notamment fréquenté le milieu de la mode, Pamela Love a en effet senti que seule cette voie pouvait lui apporter satisfaction. À ses yeux, le bijou est le seul accessoire de mode susceptible de dépasser sa condition d'objet en flirtant avec l'art ; il peut également devenir - aux yeux de ceux qui le portent - un talisman à dimension quasi magique, porteur d'histoires.
Dès lors, celle qui depuis l'enfance transforme en parures les objets les plus hétéroclites - fillette, elle fut si fascinée par les poils de sa brosse à dents qu'elle les fondit ensemble afin de s'en faire un bracelet - entrepris de transformer en métier ce qui n'était jusque-là qu'un hobby, puisant constamment dans un imaginaire alimenté par de nombreux centres d'intérêt. Ceux-ci, allant de l'astronomie au rock'n'roll en passant par la science (sans oublier sa soif inconditionnelle de voyages), ont fini par donner naissance - après plusieurs années passées à peaufiner sa technique - à une ligne de bijoux unique en son genre.
Sa dernière collection puise ses racines dans un récent road-trip au Nouveau-Mexique, lors duquel Pamela Love s'intéressa aux rites locaux, et plus particulièrement à la tradition des bijoux composés de reliques animales (dents, griffes, crânes...), censés apporter protection à leur porteur. Cela donna naissance à d'hallucinants bijoux, à la fois foncièrement uniques et étrangement universels.
Le talent de cette coolissime jeune femme n'a d'ailleurs échappé à personne : c'est ainsi l'un de ses bracelets que porta Julia Restoin Roitfeld sur les publicités Gap, tandis qu'en 2008, la maison Marchesa lui confia la réalisation des bijoux de son défilé.
En 2009, c'est Zac Posen qui lui laissait carte blanche pour créer les parures visant à magnifier sa collection. Plus récemment, Opening Ceremony lui demanda de dessiner une série de bijoux s'inspirant du dernier film de Spike Jonze : "Where the wild things are".
À chaque fois, Love dévoile une impressionnante capacité à capter l'univers du créateur, tout en parvenant à y apporter sa propre touche. Le résultat, inattendu, s'avère souvent sublime...
Dernièrement, c'est le sulfureux rédacteur en chef de Purple Magazine qui offrit sa bénédiction à la jeune femme, en lui demandant d'imaginer un bijou exclusif disponible en édition limitée sur Purple Diary (le blog d'Olivier Zahm). La réputation de Pamela Love était faite...
Cerise sur le gâteau, depuis la présentation de sa collection en octobre dernier chez MilK, dans un décor fascinant, oscillant entre cabinet de curiosité et hutte de chaman, toutes les rédactrices de mode ne désirent plus qu'une chose : arborer au poignet ses fameux bracelets en serre d'aigle.
Les étranges et hypnotisantes micro-sculptures de cette non moins atypique demoiselle n'ont donc certainement pas fini d'égratigner l'image convenue - et parfois bien poussiéreuse - de l'or 18 carats...
Site officiel : https://www.pamelalove.com/
Par Lise Huret, le 08 avril 2010
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Même si a première vue on pourrait se dire qu'elle surfe sur la tendances "bijoux tête de mort" ( Dior, Les bijoux de Sophie ) en fait c'est complètement différent. Et c'est vraiment plus intéressant.