Avec cette collection (qu'il intitula "La séduction du libertin"), le directeur artistique de Dior se permet une fois de plus de développer le registre des déshabillés 1900. Or, s'il reprend les lacets, rubans et autres transparences aujourd'hui quasiment intrinsèques à son style, il leur adjoint un autre de ses thèmes de prédilection : la garde-robe masculine du 18e siècle. Cela lui permet ainsi de constituer un vestiaire où la dualité de la femme Dior fut plus que jamais explorée.
À la fois espiègle et sensuelle, dominatrice et délicate, la muse de John Galliano se mue successivement en jeune palefrenier en jodhpur, en courtisane en trench à basques et combinaison suggestive, lorsqu'elle n'emprunte pas à Gavroche sa dégaine gouailleuse...
Dans la pratique, Galliano multiplie les variations autour du cuir - qui se veut alors soit ultra boyish, soit minutieusement perforé - ainsi que les créations en mousseline drapée, brodée ou entrelacée de volants et de dentelles, qui dévoilent souvent une lingerie rétro.
Si le créateur s'était arrêté là, la collection aurait probablement été jugée décevante, et ce en dépit de son extrême esthétisme. Il aurait en effet été facile de la considérer comme redondante (car trop proche de la griffe de John Galliano) et de l'accuser de plagier pâlement la couture...
Or, en émaillant son vestiaire de nombreux souliers attrayants et de quelques pièces de tricots empreintes de douceur langoureuse, Galliano permet à Dior d'entretenir le désir et de continuer à s'inscrire dans la modernité.
Baignant dans des camaïeux acajou/caramel/tabac/noisette, les longues cuissardes mi-cuir mi-daim, les low boots à la bride cavalière et au dos finement lacé, les ankle boots dotées d'une gaine reprenant le principe de la guêtre ou encore les bottes aiguilles plus skinny qu'une seconde peau sont autant de modèles mixant avec esprit audace, tradition et séduction.
On note par ailleurs que l'engouement dont bénéficie actuellement le tricot semble avoir trouvé ici une expression inédite et raffinée (mais néanmoins cosy), sous la forme d'un ample gilet ivoire lacé de larges rubans turquoise qui risque de marquer fortement les esprits.
Enfin, il semble que les guêtres torsadées enfilées sur une paire de talons aiguilles pourraient bien rapidement faire école sur les pavés parisiens...
Par Lise Huret, le 07 mars 2010
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