La Raindrop Besace de Louis Vuitton

100 % politiquement incorrecte, la Raindrop Besace est le nouveau poil à gratter issu de l'univers Vuitton. Sous l'impulsion de Marc Jacobs (qui est un fan inconditionnel de Marcel Duchamp), Louis Vuitton propose en effet - dans sa collection printemps/été 2010 - un sac un peu particulier qui, si l'on n'y prend pas garde, pourrait bien finir au tri sélectif...

N'hésitant pas à bousculer les us et coutumes de la fashion sphère, Marc Jacobs n'a pas son pareil pour dédramatiser le petit monde du luxe. Ainsi, lorsqu'il ne commence pas son défilé par la fin, qu'il ne grimace pas devant Suzy Menkes ou qu'il n'empaquette pas Victoria Beckham pour les besoins d'une campagne publicitaire, Marc Jacobs s'amuse parfois à détourner de manière potache les produits Louis Vuitton.

On se souvient notamment du sac Louis Vuitton sorti en 2007 et qui ressemblait trait pour trait aux cabas que l'on trouve aux alentours de Barbès. Frappé du sceau Louis Vuitton et vendu 1200 euros, ce dernier déclencha les foudres des critiques bien pensantes n'affectionnant guère le mélange des genres. Loin de s'être assagi, Marc Jacobs va aujourd'hui bien plus loin. Désormais, ce ne sont plus des cabas populaires qu'il invite à siéger dans les niches du 101 avenue des Champs Elysées, mais bien des sacs poubelles qui, pour l'occasion, se sont parés d'une bride en cuir...

On aurait cependant tort de voir dans cette Raindrop Besace une pièce vide de sens, uniquement destinée à faire du buzz. Ce serait en effet mal juger Marc Jacobs, qui n'a de cesse - au travers de son travail chez Louis Vuitton - de jeter des ponts entre art et mode.

Puisant ses racines directement au coeur du mouvement Dada, ce curieux sac-poubelle s'inscrit dans la grande famille des ready-made chers à Marcel Duchamp (voir ici et là). Plus qu'un objet hautement ridicule, celui-ci devient alors le symbole de la provocation intrinsèque au dadaïsme. Le processus dada ne sera d'ailleurs achevé qu'une fois ces Raindrop Besaces acquises - pour la modique somme de 1400 euros - par des clientes pressées d'acquérir la dernière nouveauté Louis Vuitton...

Avec humour, Marc Jacobs teste une fois de plus sa capacité à rendre hype n'importe quel objet. Il faut dire que s'il fustige régulièrement l'univers de la mode, caricature ses it-bags et tourne en dérision ses addictions, il n'en reste pas moins le roi que tous - en dépit d'être moqués - adulent sans réserve...