Austérité, rigueur et sévérité sont les premiers mots qui nous viennent à l'esprit lorsque l'on visionne la collection. L'omniprésence de la dentelle, associée à un champ pictural un rien quinquagénaire et à une élégance très collet monté, nous désarçonne quelque peu. En effet, après avoir été subjugué par la poésie onirique du défilé été 2008 de la griffe, un tel retour à l'ordre rafraîchit notre enthousiasme. Autant les toilettes estivales toutes de manga peintes et de lisérés gainées respiraient la jeunesse et l'éclectisme stylé, autant les dentelles au crochet de l'hiver prochain sont à priori rédhibitoires.
Cependant, Miuccia Prada (qui semble être passée maître dans l'art du chaud/froid, de l'arrière-goût et de la vision en deux temps) met en abîme la rigidité bourgeoise qui semble l'avoir inspirée, et détourne le tout avec subtilité. Nous sommes donc loin du dressing d'une Baronne de Rothschild, et finalement bien plus proches de celui d'une jeune fille de bonne famille en pleine rébellion.
Certes, la dentelle envahit tel un lierre vorace les panoplies arpentant le podium, mais elle joue la transparence et se porte sur des combinaisons chair ultra mini. Ce qui pouvait paraître puritain prend alors des allures de lingerie un rien sulfureuse. Les paletots structurés dévoilent ainsi un ventre plat en trompe-l'oeil, tandis que les jambes jouent les clairs-obscurs sous des ouvrages nervurés. Et si les longueurs glissent en dessous du genou, elles sont vite dédramatisées par des bottines de cuir tendance SM.
La créatrice joue décidément avec les bonnes manières : plus ses coupes sont classiques - voire rétro - plus la matière les dévergonde. Ainsi, une robe droite très chic devient, sous les feux des projecteurs, plus combinaison que tenue de cocktail. Et lorsqu'elle couvre pudiquement ses silhouettes du haut du menton jusqu'à mi-mollet, Miuccia Prada parvient à leur apposer une touche d'évidence luxueuse sertie de modernité, qui les éloigne du total look frigide des ladies british.
Par mille détails subtils, Miuccia Prada parvient à nous séduire. En nous proposant une collection à l'écart des tendances, 100% Prada et un brin intellectuelle, la madone italienne flatte notre ego en nous refusant la facilité…
©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 20 février 2008
Suivez-nous sur , et
A titre très personnel, je ne suis pas du tout adepte de la dentelle. Mais il faut digérer toute cette nouveauté.
La collection p/é 2008 m'avait un peu déroutée au début, mais aujourd'hui je la trouve absolument sublime. Alors, avec celle-ci ce sera peut-être la même chose, allez savoir.