Catherine Deneuve - qui assista au show - le qualifia de « mélange idéal entre fantaisie et réalité ». En effet, si Jean Paul Gaultier s'est inspiré ici plus ouvertement du milieu marin qu'à son habitude, il l'a fait avec l'onirisme et le métissage qui lui sont propre, mélangeant avec brio couture et légende, le tout donnant naissance à une collection hybride, entre élégance parisienne et femmes sirènes.
Les tailleurs-pantalons au galbe marqué - signature du couturier - jouxtent de longs fourreaux aux écailles de paillettes. Les trenchs et autres rayures "petit bateau" voient s'accentuer leur parenté avec le monde des océans, les uns se parant d'une robe moirée aux reflets de carpe, tandis que les autres se déclinent en macramé, évoquant ainsi les filets des pêcheurs.
Jean Paul Gaultier puise au creux des profondeurs et des lagons de quoi sublimer ses imprimés, et invente des effets matières somptueux qui magnifient leurs modèles. Les algues se font chute de soie tie and dye, la flore aquatique se voit célébrée en technicolor sur un fourreau japonisant, tandis que les plissés se révèlent une nature de coquillage. Du voile esquissant une vaguelette au collier digne des sirènes de Walt Disney, tout dans l'esthétique de la présentation possède un parfum d'iode haut en couleur.
Cependant, loin de s'arrêter là, Gaultier mixe à ce champ lexical maritime des essences parisiennes et asiatiques. Des toilettes sages de working girls lookées jouxtent ainsi des soies translucides aux graphismes ethniques, agrémentées d'ombrelles colorées. Alternant citadine 1900, déesse des fonds marins et danseuse hindoue, Jean Paul Gaultier nous délecte d'un spectacle riche et envoûtant...