Art et mode : tendance été 2008

Au coeur des tendances qui ont émergé lors des défilés été 2008, les imprimés ont la part belle. Liberty rock and roll chez Luella ou effet d'optique pour Barbara Bui, dans quelques mois les rayures n'en feront qu'à leurs têtes et les fleurs prendront le pouvoir. Cependant, même si ces graphismes investissent les podiums, leur apparition ne reste qu'une énième réédition ou réappropriation, car ils sont loin d'être novices en matière de mode. Ce qui n'est pas le cas de cette tendance "action painting", qui fait ses premiers pas dans l'univers de la mode et qui de ce fait va devoir faire ses preuves…

Lorsque les mannequins sillonnent le catwalk, exposant froidement des toilettes mixant audace et clin d'oeil arty, on s'interroge : quel est le véritable potentiel "mode" de ces tenues ? Ont-elles franchi la limite - parfois tenue - entre défilé de mode et happening ? On se souvient des robes tableaux de Castelbajac ou de certaines présentations d'Hussein Chalayan qui, chacune à leur manière, transposaient le vêtement dans un univers on ne peut plus éloigné du prêt-à-porter, offrant ainsi de jolis moments visuels brouillant esthétiquement les pistes entre art et mode. Cependant, aucun de leurs modèles n'est descendu dans la rue… Cette saison, les partis pris sont moins emblématiques, mais s'ils s'approchent davantage de la réalité d'une garde-robe, ils nécessitent néanmoins d'être abordés avec précaution. Miuccia Prada choisi ainsi de renouveler la pratique de la peinture sur soie, grâce à une imagerie onirique d'inspiration manga, son défilé s'inscrivant dans cet engouement actuel pour le vêtement réceptacle d'une expression artistique. Cependant, ses créations sont si pointues qu'elles seront difficilement copiées ou déclinées par les diffuseurs de tendances à grande échelle, tels qu'H&M et Zara. La meilleure chose à faire si l'on souhaite se glisser dans un ensemble soyeux de chez Prada reste encore d'en adopter l'original, car les ersatz de la collection 2008 ne seront sûrement pas légion. La proposition graphique du duo Dolce & Gabbana ne devrait pas suivre la même trajectoire, car ici c'est une technique picturale facilement reproductible qui est mise en avant, une façon de traiter la toile à la Pollock, qui n'est pas l'apanage de D&G. Dès lors, pas de procès pour plagiat à l'horizon, mais bien plus une tendance en devenir qui risque d'être fortement plébiscitée lors de l'été à prochain. Déjà les soirées huppées voient quelques jolies silhouettes se parer de ces motifs spontanés, explosifs et surcolorés… On peut déjà en déduire les premières règles à respecter pour mettre en valeur ces robes tout droit sorties d'un atelier expérimental : leur coupe devra être sobrissime et ultra élégante, l'accessoirisation chic (à base de matières luxueuses) et vibrante (afin de faire vivre l'ensemble), tandis que le noir-miroir sera le bienvenu, et les couleurs réservées à la robe…